La Ligue arabe attendait toujours lundi une réponse du régime syrien à sa demande d'un retrait des chars des villes en pointe de la contestation populaire et d'un dialogue national au Caire, l'OTAN excluant pour sa part toute intervention militaire en Syrie.

Lors d'une rencontre à Doha, le comité ministériel de la Ligue arabe a soumis dimanche au régime de Damas un plan prévoyant un «arrêt immédiat» de la violence et le «retrait des chars» afin «d'adresser un message rassurant à la rue syrienne», a expliqué à l'AFP le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi.

Le plan stipule aussi «l'amorce au Caire d'un dialogue national entre toutes les composantes de l'opposition et le régime», a précisé M. Arabi, qui a quitté le Qatar dans l'après-midi, selon un membre de la délégation qui l'accompagnait.

Le ministre syrien des Affaires étrangères Walid al-Mouallem avait promis de transmettre lundi la réponse du président Bachar al-Assad. Mais lundi soir, sa délégation, qui a quitté Doha après une rencontre avec l'émir du Qatar, n'avait toujours pas fait d'annonce officielle à ce sujet.

Dans une déclaration publiée par le quotidien The Daily Telegraph, M. Assad, confronté depuis plus de sept mois à une révolte sans précédent, a d'ores et déjà mis en question la représentativité du Conseil national syrien, qui rassemble une bonne partie de l'opposition.

«Je ne vais pas perdre mon temps à parler d'eux. Je ne les connais pas, il vaut mieux enquêter pour savoir s'ils représentent réellement les Syriens», a-t-il dit.

Alors que le président syrien avait averti dimanche que toute intervention occidentale contre son pays provoquerait un «tremblement de terre» au Proche-Orient, le chef de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a assuré lundi qu'une intervention militaire de l'Alliance atlantique était «totalement exclue».

«Nous n'avons aucunement l'intention d'intervenir en Syrie», a-t-il dit dans un avion l'amenant en Libye, tout en condamnant «fermement» la répression contre les civils.

«Nous avons pris la responsabilité de l'opération en Libye parce qu'il y avait un mandat clair des Nations unies et car nous avons eu un soutien fort et actif des pays de la région», a-t-il poursuivi, en précisant qu'«aucune de ces conditions n'est remplie en Syrie».

Lors d'une conférence de presse dans la capitale libyenne, M. Rasmussen a néanmoins estimé que «ce qui s'est passé en Libye avait envoyé un signal très clair aux dictateurs du monde entier».

Sur le terrain, les forces de sécurité syriennes ont poursuivi leur sanglante répression, faisant six nouveaux tués, au lendemain de la mort de sept civils dans la dispersion de manifestations réclamant le gel par la Ligue arabe de l'adhésion de la Syrie.

Trois civils ont été tués par balles à Homs (centre), un des foyers de la contestation, un à Harasta, près de Damas, et un autre ainsi qu'un déserteur dans la province d'Hama (nord), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG basée au Royaume-Uni.

Des dizaines d'étudiants ont défilé par ailleurs à l'université de Qalamoune dans la province de Damas pour réclamer le départ du président syrien, ainsi qu'à l'université de Deraa (sud), où les forces de sécurité ont tiré à balles réelles, selon la même source.

Le régime syrien, qui ne reconnaît pas l'ampleur de la contestation et attribue les violences dans le pays à des «gangs terroristes», ne cesse de réprimer les protestataires. Plus de 3000 personnes ont péri depuis le 15 mars, selon l'ONU.

L'insurrection populaire tend désormais à se transformer en conflit armé avec la multiplication des affrontements entre soldats, membres des forces de sécurité et déserteurs, qui ont fait des dizaines de morts ces derniers jours. Pendant ce temps, à Damas, un comité national a commencé ses travaux lundi «pour élaborer un projet de nouvelle Constitution pour la Syrie», a indiqué l'agence officielle Sana.

L'élaboration d'une nouvelle Constitution était l'une des principales revendications de l'opposition au début du mouvement de contestation, mais les opposants exigent désormais le départ du président syrien.