Les autorités libyennes ont promis un procès «équitable» à Saïf al-Islam, fils de l'ex-dirigeant Mouammar Kadhafi arrêté en Libye, dont la détention par des combattants ex-rebelles pourrait peser sur la formation du nouveau gouvernement.

Interrogé sur la date de cette annonce, initialement prévue dimanche, le premier ministre libyen par intérim Abdel Rahim al-Kib a esquivé la question samedi soir. Mais il est probable que l'arrestation de Saïf al-Islam dans la nuit de vendredi à samedi par des combattants ex-rebelles la retarde.

M. Kib a ainsi demandé qu'on laisse aux autorités et au peuple libyen le moment de «savourer» l'arrestation de Seif, tout en tentant de minimiser son importance. «On ne donnait aucune importance à cette personne», a-t-il dit.

«Pour le moment, il est chez nous à Zenten (170 km au sud-ouest de Tripoli). Nous allons lui garantir le traitement réservé aux prisonniers, selon les lois internationales», a indiqué le chef du Conseil militaire de Zenten, Oussama Jouili.

M. Jouili a ajouté que la décision de «maintenir la détention de Seif al-Islam à Zenten ou son transfert à un autre lieu» serait prise par le nouveau gouvernement.

Alors que les nouvelles autorités peinent à remettre sur pied le système judiciaire, elles ont laissé entendre qu'elles voulaient juger Saïf al-Islam en Libye, tout en se disant prêtes à travailler en lien avec la CPI.

M. Kib a affirmé samedi soir que «le système judiciaire va communiquer avec la CPI pour examiner où Saïf al-Islam doit être jugé». «Toute coopération avec les organismes internationaux est la bienvenue», a-t-il poursuivi.

De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a indiqué que la Libye avait l'obligation de le lui remettre, sans toutefois exclure la possibilité que le procès ait lieu dans son pays. Un porte-parole de la CPI a précisé que le procureur de la Cour, Luis Moreno-Ocampo, se rendrait en Libye la semaine prochaine.

Dans le même temps, les appels à une coopération des autorités libyennes avec la CPI et à un «procès équitable» se sont multipliés sur le plan international, États-Unis, Union européenne, France et Grande-Bretagne en tête.

Depuis le 27 juin, Saïf al-Islam fait l'objet d'un mandat d'arrêt de la CPI sur des soupçons de crimes contre l'humanité. Il est accusé d'avoir joué un «rôle-clé dans la mise en oeuvre d'un plan» conçu par son père pour «réprimer par tous les moyens» le soulèvement populaire.

Les autorités libyennes veulent éviter le même scénario qui a conduit à la mort de Mouammar Kadhafi et de son fils Mouatassim, tués tous deux après avoir été capturés vivants, le 20 octobre à Syrte (est).

Âgé de 39 ans, Saïf al-Islam a longtemps semblé vouloir moderniser son pays et normaliser les relations avec l'Occident. Mais dès le déclenchement de l'insurrection à la mi-février, il n'a eu de cesse de tenir un langage guerrier, tentant bec et ongles de sauver le régime de son père.

«Saïf al-Islam a été arrêté à 1h30 dans la nuit de vendredi à samedi»   dans la région de Wadi al-Ajal (sud-ouest de la Libye), a raconté Al-Ajmi al-Atiri, le chef de la brigade de Zenten qui arrêté le fugitif. «Il nous a demandé de lui tirer une balle dans la tête ou qu'on l'amène à Zenten», a-t-il raconté.

Un autre membre de la brigade qui a participé à son arrestation a affirmé que Saïf al-Islam et cinq de ses collaborateurs qui étaient dans un convoi composé de deux voitures avaient été pris dans une embuscade.

Ses compagnons «avaient peur au début que nous leur tirions dessus, mais il faut reconnaître que Seif al-Islam nous a surpris par son calme et son courage», a dit Ahmed Amer.

«Nous les avons surpris. Ils n'ont pas eu le temps de résister», a-t-il ajouté, précisant que Saïf et ses hommes n'étaient que légèrement armés: «des kalachnikovs, des fusils automatiques légers et quelques grenades».

Saïf al-Islam était le dernier des fils de Mouammar Kadhafi encore recherché. Trois de ses frères ont été tués pendant le conflit, tandis que les autres enfants de l'ex-dirigeant ont trouvé refuge en Algérie et au Niger.