L'organisation Human Rights Watch a pressé dimanche la communauté internationale de soutenir les progrès démocratiques du «Printemps arabe» contre des régimes autoritaires bénéficiant souvent de la bienveillance des Occidentaux et d'autres pays.

«Ceux qui ont pris la voie du Printemps arabe doivent avoir un ferme soutien international pour réaliser leurs droits et bâtir d'authentiques démocraties», affirme le directeur de HRW, Kenneth Roth, dans le rapport annuel de cette organisation.

Ce rapport de l'organisation de défense des droits de l'Homme basée à New York a été présenté au Caire, à trois jours du premier anniversaire du début de la révolte qui a poussé Hosni Moubarak à quitter le pouvoir.

Les révoltes qui ont bouleversé cette partie du monde sont au coeur de ce rapport de 676 pages qui passe au crible 90 pays à travers la planète.

HRW demande notamment aux Occidentaux de tourner définitivement la page de «l'exception arabe» visant à justifier le soutien à des régimes autoritaires au nom de la stabilité du Moyen-Orient, de la lutte contre l'islamisme ou le terrorisme, ou encore ou de la sécurité des approvisionnements pétroliers.

L'organisation relève notamment la lenteur des États-Unis et de l'Union européenne pour faire pression sur Hosni Moubarak, et l'absence de «réelle pression» des Occidentaux pour empêcher Bahreïn de réprimer la contestation.

«Les Occidentaux sont encore en train de s'adapter aux changements historiques» dans le monde arabe, relève le rapport.

HRW s'inquiète aussi de l'appui à l'ONU de la Chine et de la Russie au régime du président syrien Bachar al-Assad face à la révolte d'une grande partie de son peuple.

Elle épingle également les réticences de pays démocratiques comme le Brésil, l'Inde ou l'Afrique du Sud à soutenir le développement de la démocratie ailleurs dans le monde.

Le rapport met aussi en garde contre la fragilité des progrès réalisés dans les pays arabes où les révoltes ont fait chuter des dictateurs.

«Les gouvernements de transition en Tunisie, en Libye et en Égypte doivent être aidés pour revoir leurs lois répressives et rebâtir des institutions que les autocrates avaient délibérément laissées faibles et sous-développées, en particulier dans le domaine de la justice», estime HRW.

Le rapport réclame également la fin du climat d'impunité pour les officiels et les responsables des forces de sécurité, afin d'éviter «la tentation du recours aux abus, à la violence et à la corruption».

Face aux progrès des islamistes dans ces pays, la communauté internationale «doit reconnaître que l'islam politique peut représenter la préférence de la majorité».

HRW appelle toutefois «les gouvernements islamistes à respecter les obligations internationales en matière de droits de l'Homme», notamment les droits des femmes et ceux des minorités religieuses.

Le rapport souligne aussi que les répercussions du Printemps arabe «ont été ressenties à travers le monde».

Désormais «les dirigeants en Chine, au Zimbabwe, en Corée du Nord, en Éthiopie, au Vietnam ou en Ouzbékistan semblent vivre dans la crainte de voir le peuple chasser leurs gouvernements autoritaires».

Le rapport passe aussi en revue les violations du droit de la guerre en Afghanistan et en Libye, la condition des prisonniers en Érythrée et au Vietnam, ou encore la répression des dissidents en Chine et à Cuba.

Les pays occidentaux sont aussi épinglés pour le traitement réservé aux migrants en Europe, ou les détentions sans procès aux États-Unis.

Mais HRW salue aussi des progrès, comme l'adoption d'un traité international pour protéger les droits des travailleurs domestiques, en grande majorité des femmes et souvent des filles, une population particulièrement vulnérable face aux abus.