Des centaines de militants égyptiens se sont rassemblés dans le centre du Caire, vendredi, pour dénoncer un récent jugement qui a blanchi un médecin militaire accusé d'avoir mené des «tests de virginité» forcés sur des militantes.

La question des tests de virginité est devenue un point de ralliement pour les jeunes militants pro-démocratie, qui estiment qu'il s'agit d'un exemple de la façon dont leur révolution a été détournée par les militaires qui ont pris le pouvoir après le renversement d'Hosni Moubarak, l'an dernier.

Les généraux ont été sévèrement critiqués pour des pratiques qui violent les droits de la personne, comme les tests de virginité, qui s'apparentent à ceux autrefois menés par les forces de sécurité du régime Moubarak.

Les manifestants ont brandi des portraits de Samira Ibrahim, une jeune militante qui a publiquement dénoncé ces tests de virginité. Sa décision de dénoncer cette pratique au grand jour a ébranlé les tabous de la société égyptienne, où les femmes victimes d'abus sexuels sont plus souvent critiquées que leurs agresseurs.

Samira Ibrahim a porté plainte contre un médecin militaire, l'accusant de l'avoir soumise à un test de virginité l'an dernier après son arrestation par l'armée durant une manifestation.

«Tu es plus honorable que ceux qui t'ont humiliée», a scandé la foule de manifestants, qui comprenait des hommes et des femmes.

Des manifestants portaient une pancarte montrant une femme avec une main sur la bouche, symbolisant la façon dont les femmes égyptiennes sont forcées de garder le silence face aux agressions.

«Nous ne voulons pas que les femmes égyptiennes soient traitées comme des citoyennes de seconde classe», disait une affiche.

Les allégations au sujet des tests de virginité sont apparues après la manifestation du 9 mars 2011 au Caire, qui a pris une tournure violente quand des hommes en tenue civile ont attaqué les manifestants et que l'armée a vidé la place par la force. L'organisation Human Rights Watch affirme que sept femmes arrêtées ont été forcées de subir des tests de virginité.

Un tribunal militaire a innocenté le médecin militaire dimanche, citant des contradictions entre les témoignages des témoins. Samira Ibrahim, qui estime n'avoir presque aucune chance de gagner en appel, a annoncé son intention de porter plainte devant une instance internationale.

«Je suis déterminée à les poursuivre», a-t-elle dit lors d'une entrevue avec l'Associated Press jeudi. «Je n'abandonnerai pas et je porterai plainte contre eux devant des tribunaux internationaux.»

Parmi les sept femmes soumises à des tests de virginité, elle est la seule à avoir osé en parler publiquement et à avoir présenté un récit détaillé de l'incident.

La jeune femme, qui porte le voile islamique, affirme que le fait d'avoir parlé de ce qu'elle a vécu lui a coûté cher au plan personnel.

«Cette histoire a affecté mon emploi et ma réputation parce que je ne me sentais pas à l'aise d'en parler devant le public», a-t-elle dit.

Elle a remporté une autre poursuite en décembre, quand un tribunal civil a ordonné aux dirigeants militaires du pays de cesser de mener des «tests de virginité» sur les femmes détenues. Il s'agissait d'une rare condamnation d'une pratique militaire par un tribunal civil en Égypte.

La cour a fondé son jugement sur des commentaires faits par un membre du Conseil suprême des forces armées à l'organisation Amnistie internationale en juin. Selon l'organisation, le major-général Abdel Fattah al-Sisi a justifié les tests comme une façon de protéger l'armée d'éventuelles allégations de viol.