Le gouvernement libyen a appuyé mardi les revendications des habitants de Tripoli, exaspérés par la recrudescence des violences dans leur ville, en donnant un délai de deux semaines aux milices pour quitter la capitale.

Si le 20 décembre, «les milices ne quittent pas la ville, la population de Tripoli et le gouvernement fermeront la ville à la circulation», a indiqué le bureau du premier ministre Abdel Rahim al-Kib, faisant état d'un plan à l'initiative du Conseil local de Tripoli pour désarmer la capitale.

«Une manifestation aura lieu demain à 16h30 sur la place des Martyrs en appui aux initiatives des ministères de l'Intérieur et de la Défense, visant à nettoyer Tripoli des armes et de la présence inutile des milices. Il est prévu que d'autres manifestations se tiennent, avec de plus en plus d'ampleur, jusqu'au 20 décembre», a-t-il ajouté.

Cité dans le communiqué, le chef du Conseil local de Tripoli a exhorté les milices venues d'autres villes pour participer à la bataille de la «libération de Tripoli» à retourner chez eux.

«Nous leur sommes reconnaissants pour leur aide, mais maintenant il est temps pour eux de retourner auprès de leurs familles et amis pour aider à reconstruire leurs villes», a déclaré Abdelrazzak Abou Hajar, appelant les Libyens «à faire preuve de retenue et de maturité au cours des prochains jours».

Selon lui, «le plan, coordonné par le gouvernement et la population de Tripoli, reflète une étape nécessaire dans le processus de transition de la ville».

M. Abou Hajar avait indiqué plus tôt que le gouvernement avait promis de mettre fin à la présence d'armes dans la capitale d'ici la fin de l'année.

«Le conseil de Tripoli a eu une réunion aujourd'hui avec le premier ministre Abdel Rahim al-Kib et le gouvernement a promis de mettre fin à la présence d'armes à Tripoli d'ici le 31 décembre», avait-il dit à la presse.

Mardi, des habitants de la capitale ont fermé des avenues et artères principales à la circulation pour protester contre la présence des milices armées à Tripoli, notamment après la multiplication d'incidents et affrontements impliquant plusieurs brigades de «thouars», les rebelles ayant combattu le régime de Mouammar Kadhafi.

De gros embouteillages se sont formés dans la capitale dont plusieurs quartiers ont été paralysés.

Par ailleurs, selon des témoins, des dizaines de civils et d'hommes armés ont forcé l'entrée du tribunal de Tripoli et se sont rués vers le bureau du procureur général, Abdelaziz Al-Hsadi, réclamant la libération d'un des thouars qui serait impliqué dans une affaire de meurtre. On ne savait pas dans l'immédiat s'ils avaient eu gain de cause.

«Cet incident est très inquiétant. Il est la preuve de la détérioration de la sécurité à Tripoli», note un journaliste tripolitain, estimant que chaque brigade de thouars «veut faire la loi».

Dimanche, un des thouars de Tripoli avait été tué dans un échange de tirs avec des membres d'une brigade de Rojban (Ouest) qui voulaient libérer un des leurs détenu dans un bâtiment des services de sécurité à Tripoli, selon des témoins.

La semaine dernière, un commandant rebelle avait été tué par une brigade de thouars dans la banlieue ouest de Janzour, selon des habitants de ce quartier.

Le ministre de l'Intérieur, Faouzi Abdelali, avait annoncé jeudi un plan d'intégration à court terme de 50 000 combattants ex-rebelles dans les forces armées et celles du ministère de l'Intérieur, et de la réhabilitation d'un total de 200 000 combattants à long terme.

Des dizaines de milliers de Libyens ont porté des armes pour combattre les forces du régime de Mouammar Kadhafi.

Le désarmement de la population et l'intégration des combattants dans les forces de sécurité figurent parmi les priorités du nouveau gouvernement de transition formé fin novembre.