Des milliers d'opposants et de partisans du Conseil national de transition (CNT) ont manifesté mardi à Benghazi (est), l'épicentre du soulèvement qui a abouti à la chute de Mouammar Kadhafi.

«À bas le nouveau régime!», ont crié environ 5000 opposants aux nouvelles autorités libyennes rassemblées sur la place Al-Chajara, où a eu lieu la première manifestation contre le colonel Kadhafi le 15 février.

«Le peuple veut Moustapha Abdeljalil», le chef du CNT, ont répliqué près de 5000 personnes sur la place Tahrir, autre emblème de la révolution.

Lundi, les nouvelles autorités ont été, pour la première fois depuis la chute de Mouammar Kadhafi, dénoncées lors d'une manifestation publique.

M. Abdeljalil a particulièrement été visé en raison de propos dans lesquels il a affirmé que la Libye était capable de pardonner aux partisans de l'ancien régime ayant combattu les ex-rebelles.

L'ensemble du CNT est l'objet de la colère des manifestants qui l'accusent de manque de transparence sur ses activités et sa composition.

«Nous n'attaquons pas la personne d'Abdeljalil, mais il est entouré par des membres corrompus du CNT. Il est incapable de contrôler les choses», a estimé Oussama Obeidi, un manifestant.

Les protestataires demandent notamment que la priorité soit donnée aux anciens rebelles et aux blessés de la révolution, et que les membres du CNT s'engagent à ne pas participer aux prochaines élections, prévues dans un peu plus de six mois.

Plusieurs manifestants ont passé la nuit de lundi à mardi sur la place Al-Chajara, selon un correspondant de l'AFP.

Mais mardi, des milliers de partisans des nouvelles autorités se sont rassemblés sur la place Tahrir pour répondre aux anti-CNT.

M. Abdeljalil a rapidement réagi à la première manifestation, en promettant lundi plus de transparence sur les activités et la composition du Conseil et en appelant les Libyens à la patience.

«Le CNT va activer son site internet, donner la liste de ses membres et publier leurs CV et va rendre publiques toutes ses activités», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Tripoli. «Je veux rassurer les Libyens: avec de la patience, beaucoup de choses vont être réalisées».

«Benghazi sera la capitale économique de la Libye», a ensuite déclaré Abdelrazak al-Aradi, un membre du CNT, ajoutant que des ministères liés à l'activité économique seraient délocalisés dans cette ville située à 1000 km à l'est de Tripoli.