Les insurgés libyens ont poursuivi samedi leur progression vers l'ouest et sont arrivés dans l'après-midi à Ben Jawad, à une trentaine de kilomètres de Ras Lanouf, port pétrolier tombé aux mains des rebelles, ont constaté des journalistes de l'AFP. Alors qu'à Zaouïa, 50 km à l'ouest de la capitale, une attaque des forces loyalistes auraient fait une soixantaine de morts.
«Nous les avons repoussés au-delà de Ben Jawad et aujourd'hui nous allons les pilonner jusqu'à ce qu'ils repartent à Syrte», a déclaré un officier qui a rejoint l'opposition au début de la révolte qui a débuté le 15 février en Libye.
Un journaliste de l'AFP a pu voir des groupes de rebelles à Ben Jawad, une petite localité située à environ 90 km à l'est de Syrte, la ville natale du dirigeant Mouammar Kadhafi.
Plus tôt samedi, les insurgés libyens se sont emparés du port pétrolier stratégique de Ras Lanouf, à 620km à l'est de Tripoli, selon des témoins, mais ont essuyé un revers à Zaouïa, à 50km à l'ouest de la capitale toujours aux mains des forces rebelles.
Ras Lanouf se trouve à 140 km à l'est de Syrte, bastion de Kadhafi. Après une bataille féroce contre les forces progouvernementales, l'opposition a conquis Ras Lanouf vendredi soir, mettant en fuite les troupes de Kadhafi, selon des témoins. Les insurgés poursuivent maintenant leur progression en direction de Ben Jawad, à environ 55km à l'ouest ont constaté des journalistes de l'AFP. Selon un combattant anti-Kadhafi, l'armée rebelle promet de poursuivre sa route vers Syrte.
Le drapeau de la monarchie, qui date de l'ère pré-Kadhafi et a été adopté par les insurgés, flottait samedi matin sur les installations pétrolières de la ville, a constaté un journaliste de l'Associated Press.
Selon un des insurgés qui a participé aux combats, Ahmed el-Zaoui, «nous avons remporté la bataille quand les habitants nous ont rejoints». Les affrontements ont fait 12 morts dans les rangs des rebelles, a-t-il dit. Mais les bilans sont contradictoires, et des responsables de l'hôpital de la ville voisine d'Ajdabiya ont de leur côté fait état de cinq morts et 31 blessés à Ras Lanouf.
Alors que les insurgés célébraient la prise de Ras Lanouf, les forces loyales au colonel Kadhafi ont lancé dans la nuit de vendredi à samedi une contre-offensive à Zaouïa, qui aurait fait une trentaine de victimes, rapportent des témoins. Parmi les villes aux mains de l'opposition, Zaouïa est la plus proche de la capitale et elle est donc cruciale pour la défense du régime. Selon des témoins, les troupes pro-Kadhafi ont fait feu à l'artillerie lourde et à la mitrailleuse sur les positions rebelles en périphérie de la ville, contraignant les opposants à se replier à l'intérieur de la cité où ils ont pris de nouvelles positions. Des explosions et coups de feu pouvaient être entendus tandis que les témoins parlaient au téléphone avec un journaliste de l'Associated Press.
D'après eux, les obus de mortier ont endommagé des bâtiments gouvernementaux et des maisons. Plusieurs incendies faisaient rage dans la ville de quelque 200 000 habitants. Toujours selon les témoins, des tireurs embusqués ouvraient le feu sur quiconque se trouvait dans la rue ou sur un balcon. Malgré cette retraite vers le centre de Zaouïa, les insurgés se disaient déterminés à poursuivre la lutte. «Nous les combattrons dans les rues et nous n'abandonnerons jamais tant que Kadhafi restera au pouvoir», a déclaré l'un d'entre eux. D'après un témoin présent à l'hôpital local, au moins 18 personnes ont été tuées et 120 blessés.
À Benghazi, dans l'est du pays aux mains des rebelles, l'explosion d'un dépôt de munitions dans la nuit de vendredi à samedi a fait au moins 26 morts, selon des sauveteurs. La déflagration, qui a rasé le dépôt et tout dévasté sur des dizaines de mètres à la ronde, est imputée à des pro-Kadhafi, mais son origine reste indéterminée pour le moment.
«Je marchais à l'extérieur du camp quand il y a eu soudainement une énorme explosion, les gens et les voitures se sont mis à voler partout. Beaucoup de gens sont tombés», a témoigné un blessé, Mohammed Farah.
-Avec AP