La Libye dispose toujours de plus de 10 tonnes de gaz moutarde, sept ans après avoir signé la Convention pour l'interdiction des armes chimiques, mais a détruit les munitions qui permettent de les utiliser.

Cherchant à rompre son isolement diplomatique, le colonel Mouammar Kadhafi avait négocié pendant neuf mois avec Londres et Washington et annoncé fin 2003 qu'il renonçait à ses armes de destruction massives, qu'il avait toujours nié avoir possédées.

En janvier 2004, la Libye a rejoint l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC).

Le colonel Kadhafi s'est ainsi engagé à détruire tous ses stocks de gaz moutarde, un gaz provoquant de graves brûlures chimiques aux yeux, sur la peau et aux poumons.

À ce jour, 55% des stocks libyens ont été détruits sous le contrôle de l'OIAC et 11,25 tonnes restent à éliminer, a confié à l'AFP le porte-parole de l'organisation liée à l'ONU, Michael Luhan.

L'élimination des stocks a commencé début 2010 -comme le prévoyait la convention- et s'est déroulée sans encombre jusqu'en février 2011, selon M. Luhan.

La Libye est depuis confrontée à une rébellion anti-Kadhafi, provoquant des inquiétudes dans la communauté internationale sur le devenir des stocks de gaz moutarde et une éventuelle utilisation d'armes chimiques par les forces loyales au colonel Kadhafi.

Dans le cadre de ses obligations, Tripoli a également détruit 556 tonnes d'agents chimiques entrant dans la composition du gaz moutarde, également appelé ypérite, soit 40% de ses stocks.

Elle s'est par ailleurs débarrassé dès les premiers mois de 2004 de l'intégralité des 3563 munitions (bombes, obus, missiles) susceptibles d'être utilisés comme vecteur pour répandre le gaz moutarde, selon Michael Luhan.

Le centre de production d'armes chimiques libyen a quant à lui été «irréversiblement transformé pour des usages autorisés par la Convention», notamment en usines pharmaceutiques.

Les centres de destruction du gaz moutarde sont situés à Rabta, à une centaine de kilomètres au sud de Tripoli, et sur le site de Ruwagha à Al-Joufra, au sud de Syrte.

Pour le Pentagone, les stocks de gaz moutarde constituent toujours une «menace», toutefois bien moindre que si la Libye disposait toujours de munitions chimiques.

«Nous pensons qu'ils sont sécurisés», a affirmé un porte-parole du Pentagone, le colonel David Lapan, qui n'a pas voulu préciser si des plans étaient prévus pour s'en emparer en cas de danger.