L'OTAN a maintenu ses frappes sur Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, en dépit des accusations du régime libyen d'avoir tenté d'assassiner Mouammar Kadhafi la veille, lors d'un bombardement aérien qui a tué un de ses fils et trois de ses petits-enfants.

Trois explosions ont retenti dimanche soir à Tripoli alors que des avions survolaient la capitale libyenne, ont indiqué des témoins. Selon eux, les explosions étaient localisées dans l'est de la ville.

Dans la nuit de samedi à dimanche, Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement, a annoncé que la maison de Seïf al-Arab Mouammar Kadhafi, 29 ans, un des six fils du colonel Kadhafi, avait été «attaquée avec de puissants moyens» qui ont tué le jeune homme, trois petits-enfants du dirigeant libyen et un ami du fils Kadhafi.

L'Alliance atlantique, qui a pris les commandes de l'intervention en Libye il y a un mois, a reconnu avoir frappé «un poste de commandement et de contrôle» dans la zone, mais n'a pas confirmé la mort du fils Kadhafi.

Moussa Ibrahim a dénoncé «une opération visant à assassiner directement le dirigeant de ce pays» ajoutant que «le Guide (Mouammar Kadhafi) et sa femme étaient dans la maison», mais n'ont pas été blessés.

Quelques heures après ces frappes, les ambassades d'Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d'attaques. Selon le ministère italien des Affaires étrangères, des «actes de vandalisme» ont été commis.

De son côté, Londres a décidé d'expulser l'ambassadeur de Libye à la suite d'«attaques contre l'ambassade britannique à Tripoli et d'autres missions diplomatiques étrangères».

Lors d'une conférence de presse dimanche soir, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a qualifié les attaques contre les ambassades d'«incident regrettable» et assuré que la Libye prendrait à sa charge les réparations. Selon lui, la police a été débordée par la foule.

Une correspondante de l'AFP a vu des manifestants mettre le feu tôt dimanche aux bâtiments de l'ambassade d'Italie et des résidences de l'ambassadeur d'Italie et de Grande-Bretagne.

«Etant donnée l'insécurité» dans la capitale, les Nations unies ont décidé de retirer l'ensemble de leur personnel de Tripoli, a annoncé de son côté une porte-parole de l'ONU.

Le vice-ministre libyen a également annoncé qu'un ami de Seïf al-Arab avait été tué lors du bombardement de la maison du fils du dirigeant libyen.

Un médecin français, le Dr Gérard Le Clouerec, qui travaille pour une clinique privée en Libye, a déclaré lors de cette conférence de presse avoir examiné la dépouille de Seïf al-Arab et conclu, après l'avoir comparée à des photos, qu'il s'agissait «le plus probablement du fils du colonel Kadhafi».

Seïf al-Arab n'occupait pas de poste officiel connu. Mouammar Kadhafi avait déjà perdu une fille adoptive en 1986 lors d'un bombardement américain à Tripoli.

La télévision libyenne a indiqué que les funérailles du fils du dirigeant et de ses trois petits-enfants auront lieu lundi. Elle a précisé que deux des enfants sont âgés de 2 ans et un de 4 mois.

A 200 km à l'est de Tripoli, le port de Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois, était en flammes dimanche soir après de violents bombardements qui ont fait au moins deux morts, ont rapporté des témoins.

Deux rebelles ont également trouvé la mort dimanche, tués par un obus dans les faubourgs de la ville, selon des journalistes de l'AFP.

Le port est essentiel pour l'approvisionnement de Misrata dont tous les accès terrestres sont coupés. Peu avant 18h00 locales, des dizaines de roquettes l'ont frappé.

Le pilonnage par les forces pro-Kadhafi semblait terminé aux environs de 21h00, selon des journalistes de l'AFP.

Des détonations ont également été entendues en provenance apparemment de la zone de l'aéroport, principale zone de combats ces derniers jours.

Des bateaux humanitaires, notamment un navire de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) au large de Misrata depuis samedi, attendent le feu vert de l'Otan pour accoster.

Selon un porte-parole de l'OIM, le navire transporte 180 tonnes d'aide humanitaire qu'il veut débarquer au port de Misrata, pour pouvoir ensuite embarquer un millier de passagers, des travailleurs immigrés et des Libyens blessés.

Un bateau turc qui se trouvait au port au moment de l'attaque a pu quitter la rade, sans dommages, après que «des obus ont explosé très très près», selon des journalistes sur place.

A la frontière tunisienne (ouest), l'armée tunisienne déployée dans le secteur de Dehiba a évacué trois positions après l'explosion d'obus tirés de la Libye et tombés en territoire tunisien, selon un journaliste de l'AFP.

Au poste frontière de Dehiba, le flot de réfugiés libyens ne tarissait pas dimanche matin, avec le chiffre record de 4.970 personnes enregistrées pour la seule journée de samedi.

Depuis le début de l'intervention militaire internationale le 19 mars, nombre de responsables politiques des pays engagés, tout en réclamant le départ de M. Kadhafi, ont répété que le mandat de l'ONU prévoyait de protéger les civils, pas de tuer le dirigeant libyen.