Tripoli n'était pas encore tombée hier que les préoccupations sur la succession du pouvoir étaient ouvertement posées.

Déjà, ce jeudi, des diplomates de haut rang des pays membres du Groupe de contact sur la Libye se réuniront à Istanbul pour «coordonner les prochaines étapes», a annoncé hier la Maison-Blanche.

La France a aussi proposé de tenir un sommet sur la Libye à Paris, la semaine prochaine, sous l'égide de l'ONU. Le Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine fera le sien vendredi, à Addis Abeba.

Les importants gains des rebelles ont aussi poussé des pays qui hésitaient à appuyer les rebelles, comme la Russie, la Chine, l'Égypte et des pays arabes, à se ranger du côté du Conseil national de transition (CNT), organe politique de la rébellion. Le drapeau des rebelles a également été hissé hier devant de nombreuses ambassades libyennes dans le monde.

Mais dans toutes les déclarations, une même préoccupation: l'incertitude sur l'avenir démocratique de la Libye.

Jabeur Fathally, professeur de droit international de l'Université d'Ottawa, ne veut pas faire de parallèles entre la chute de Tripoli et celles de Bagdad ou de Kaboul. «Les régimes ne sont pas les mêmes», note-t-il. Contrairement à Saddam Hussein, par exemple, Kadhafi ne dispose pas d'un appui populaire, même pas de la part de son propre clan. «Saddam Hussein avait tout de même bâti un pays, une infrastructure sociale. Kadhafi, lui, n'a rien construit du tout.»

La prise de Bagdad par les Américains avait aussi provoqué un vide à la tête du pays, entraînant une lutte de pouvoirs entre rivaux unis essentiellement par une seule idée: bouter les États-Unis hors du pays.

Dans ce cas-ci, rappelle M. Fathally, les étrangers n'ont pas foulé le sol libyen. Plusieurs factions rebelles combattent contre Kadhafi et l'unité autour du CNT n'est cependant pas garantie. «Le consensus autour du CNT dépend du charisme de certains de ses dirigeants», dit-il. «Est-ce que le départ de ces personnes pourrait accentuer les tensions? C'est possible.»