Le passage d'un important convoi de véhicules civils et militaires venant de Libye à Agadez, une ville au nord du Niger, alimentait mardi les spéculations sur une fuite de l'ex-leader libyen Mouammar Kadhafi, mais son porte-parole a affirmé qu'il était toujours en Libye.

Et comme le sort du dirigeant déchu reste inconnu, le ministre français de la Défense Gérard Longuet a estimé qu'il n'y avait «pas urgence» à un désengagement militaire de la France en Libye.

«Il est dans un endroit que cette racaille n'a pas atteint. Il combat à l'intérieur de la Libye», a affirmé Moussa Ibrahim, porte-parole de l'ancien régime, dans un entretien diffusé lundi par la télévision arabe Arrai.

Plusieurs sources ont fait état ces dernières heures de l'arrivée d'un important convoi au Niger.

Une source militaire nigérienne a affirmé à l'AFP avoir «vu un convoi inhabituel et impressionnant de plusieurs dizaines de véhicules entrer à Agadez en provenance d'Arlit, une cité minière proche de la frontière algérienne, et se diriger vers Niamey par la route».

«Des rumeurs insistantes évoquent la présence de Kadhafi ou un de ses fils au sein de ce convoi», a souligné cette même source.

À Tripoli, les nouvelles autorités libyennes ont confirmé qu'«environ 200 voitures» étaient passées au Niger, sans être en mesure de dire qui se trouvait à bord du convoi. «Ce genre de convoi transporte généralement Kadhafi ou l'un de ses fils», a cependant déclaré Jalal el-Gallal, un porte-parole du Conseil national de transition (CNT).

Mais le ministre nigérien des Affaires étrangères, Mohamed Bazoum, a ensuite déclaré à l'AFP qu'il ne s'agissait pas de Kadhafi et que le convoi était probablement nettement plus restreint.

Dimanche, un précédent convoi était déjà arrivé au Niger avec à son bord Agaly Alambo, une figure de la révolte touareg, ou encore Mansour Daw, chef des brigades sécuritaires sous l'ère Kadhafi, mais pas l'ancien «Guide» en fuite, selon une source gouvernementale nigérienne.

Depuis l'entrée des combattants pro-CNT dans sa résidence de Bab al-Aziziya à Tripoli le 23 août, Mouammar Kadhafi est intervenu à plusieurs reprises pour appeler ses partisans «à la résistance» par l'intermédiaire de messages audio diffusés par Arrai, mais les dernières images de lui remontent au 12 juin.

Moussa Ibrahim a cependant assuré à Arrai que le colonel Kadhafi était «en excellente santé» et qu'il organisait «la défense» de la Libye. «Nous sommes encore puissants», a-t-il affirmé.

Fidèle de l'ancien homme fort libyen, Moussa Ibrahim se trouverait, selon les nouvelles autorités libyennes, dans l'oasis de Bani Walid, l'un des derniers bastions pro-Kadhafi.

C'est en vue de la reddition pacifique de cette ville encerclée par les forces anti-Kadhafi que le nouveau pouvoir a repris mardi les négociations avec des responsables locaux.

«Les révolutionnaires et des personnalités de la région de Bani Walid sont réunis quelque part pour négocier, et si Dieu le veut ces négociations seront couronnées de succès», a expliqué à l'AFP à Benghazi le président du CNT, Moustapha Abdeljalil, interrogé par téléphone.

Selon les nouvelles autorités, les pro-Kadhafi utilisent les civils comme des boucliers humains dans ce fief de l'ex-dirigeant libyen.

«Nous sommes ici pour éviter un bain de sang», a expliqué cheikh Abdel Qadir Mayad, un responsable de Bani Walid venu négocier avec les forces du nouveau régime.

La tribu de la ville, les Warfalla, une des plus puissantes du pays, est liée à celle de Mouammar Kadhafi dont elle est fidèle.

Sur un autre front, à l'est de Syrte, région natale de l'ex-dirigeant, de violents duels d'artillerie soutenus ont opposé toute la journée forces pro-Kadhafi et combattants du nouveau régime, selon un journaliste de l'AFP.

Les combattants pro-CNT ont annoncé avoir progressé de 8 km dans la journée et être désormais à 80 km de Syrte.

Sur le plan politique, le Conseil de sécurité doit discuter vendredi d'une mission de l'ONU de trois mois en Libye pour aider les nouvelles autorités à réformer la police et la justice et à préparer les élections, selon un porte-parole de l'émissaire de l'ONU pour la Libye, Ian Martin.

Dans le pays secoué par plus de six mois de guerre, l'économie a été ravagée, mais elle est stable, avec une inflation maîtrisée et pas de problèmes insurmontables, a assuré le «ministre» intérimaire de l'économie, Abdallah Chamia.