Les pays occidentaux, notamment ceux impliqués dans l'intervention de l'OTAN aux côtés des rebelles devenus nouveau régime, ont réagi avec enthousiasme jeudi à la «fin du conflit» que marque, selon eux, la mort annoncée de l'ex-dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

Les réactions se faisaient en revanche attendre dans la région, toujours en proie aux suites des mouvements démocratiques du «printemps arabe». Seul l'ex-premier ministre libanais Saad Hariri, leader de l'opposition anti-syrienne, y a vu un signe de «la fin inévitable de tous les tyrans».

La France, qui a été le fer de lance pour pousser, puis mener, l'intervention de l'OTAN en Libye, a salué la «fin de 42 ans de tyrannie», se disant «fière» d'avoir aidé le peuple libyen. «Il s'agit d'un événement historique. C'est le début d'une ère nouvelle de démocratie, de liberté et de reconstruction du pays», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé.

Pour le premier ministre britannique David Cameron, dont le pays a lui aussi été à l'avant-garde sur le conflit libyen, «c'est un jour où il faut se souvenir des victimes de Kadhafi», étrangères comme libyennes. Il s'est lui aussi dit «fier du rôle joué» par son pays dans la chute du «dictateur brutal», dont la disparition «renforce les chances pour les Libyens de se forger un avenir fort et démocratique».

«La guerre est finie» en Libye, a affirmé le chef du gouvernement italien -ancienne puissance coloniale de la Libye- Silvio Berlusconi, qui fut un proche allié de Kadhafi et initialement réticent à le lâcher au début du soulèvement.

Pour son ministre de la Défense Ignazio La Russa, «fier de la participation» de l'Italie à l'opération de l'OTAN, sans cette intervention «il y aurait eu des milliers et des milliers de morts en plus».

Aux États-Unis, qui après leur intervention directe dans le cadre de l'Alliance atlantique ont continué à apporter un important soutien logistique, l'administration Obama n'a pas immédiatement réagi, le département d'État se bornant à indiquer initialement ne pouvoir confirmer la mort de Kadhafi.

Le sénateur républicain John McCain, rival malheureux de Barack Obama à la présidentielle de 2008, a estimé pour sa part que la mort de Kadhafi constituait la fin de «la première phase de la révolution libyenne» et que le pays devait maintenant commencer sa reconstruction. «Les Libyens ont libéré leur pays,» a-t-il insisté.

«À l'évidence, ce jour marque une transition historique pour la Libye», a réagi de son côté le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Il a toutefois averti que «le chemin à parcourir pour la Libye et son peuple allait être difficile et pavé de défis».

Sur un plan plus personnel, les infirmières bulgares, qui ont passé plus de huit ans dans les prisons libyennes après avoir été condamnées à mort sous l'accusation d'avoir inoculé le virus du sida à des enfants, ont elles aussi réagi, diversement, à cette mort.

«La nouvelle m'a beaucoup réjouie. C'est un châtiment. Un chien comme lui méritait une mort de chien. Je me demande quand même si c'est bien lui», a déclaré à l'AFP Valia Tcherveniachka, une des infirmières. «Je suis vraiment satisfaite, je m'y attendais. Il a eu ce qu'il méritait», a renchéri Valentina Siropolou.

Mais leurs collègues Snejana Dimitrova et Kristiana Valtcheva se sont déclarées «indifférentes». Cette dernière aurait ainsi préféré qu'il soit  «capturé vivant».

Le porte-parole du ministère polonais Marcin Bosacki, a de son côté regretté que l'ancien dirigeant libyen «n'ait pas été jugé pour ses crimes par un tribunal en Libye ou à La Haye». «Son destin devrait constituer un avertissement pour d'autres dictateurs, dans la région et dans le monde», a-t-il relevé.