Les Syriens ont manifesté vendredi par milliers à travers le pays pour souligner leur détermination à protester dans la rue jusqu'à la chute du président Bachar al-Assad dont les forces persistent à réprimer la contestation, faisant encore 21 morts.

Outre les manifestations de rue, l'opposition tente de s'organiser politiquement, mais sans réelle cohérence, avec la multiplication des instances annoncées. Une réunion d'opposants de «l'Instance de coordination nationale», dont l'écrivain Michel Kilo et l'économiste de renom Aref Dalila, est prévue samedi dans une banlieue de Damas, selon un responsable.

La révolte en Syrie va être au menu des discussions mardi, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York, du président américain Barack Obama et du premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui a estimé que l'ère des dirigeants «oppresseurs» était révolue.

Face aux protestations de toutes parts et à l'appel du patron de l'ONU Ban Ki-moon à une action internationale «cohérente» en vue de l'arrêt des violences en Syrie, le régime reste inflexible, ses forces de sécurité et son armée poursuivant ratissages, perquisitions et arrestations dans les villes.

Mais ces opérations n'ont pas empêché les manifestants de descendre à nouveau par milliers dans la rue, notamment à Deir Ezzor (nord-ouest), à Homs (centre) dans la province de Damas et à Hama (nord), sous le slogan: «nous avançons jusqu'à la chute du régime».

Les militants sur le terrain se disent «plus que jamais déterminés» à renverser le régime, six mois après le début de leur révolte le 15 mars.

Et les forces de sécurité restent déterminées à les réprimer. Sept civils ont péri à Hama (centre), deux à Homs (centre), trois à Idleb (nord-ouest), quatre dans la banlieue de Damas et cinq dans la région de Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

Ils sont morts soit en manifestant, soit lors des opérations de ratissage et de perquisitions, sous les balles des troupes syriennes selon l'OSDH.

L'ONG a en outre fait état de la découverte de 15 cadavres dans plusieurs villes, la plupart des personnes ayant péri ces dernières 24 heures dans des opérations de sécurité.

La télévision publique syrienne a, quant à elle, annoncé qu'un policier avait été tué et quatre blessés dans le gouvernorat de Deraa, lors d'une attaque menée par des «groupes armés» auxquels le régime impute les violences dans le pays depuis le début de la contestation.

Selon l'ONU, plus de 2600 ont péri dans la répression, en grande majorité des civils. Plus de 15 000 personnes sont actuellement détenues et des milliers d'autres portées disparues, selon l'OSDH.

Pour leur part, les opposants et militants syriens, à l'étranger comme à l'intérieur de la Syrie, essayent de trouver les moyens de se structurer face au régime Assad.

À Istanbul, des opposants ont annoncé la composition d'un «Conseil national», qui vise à organiser la lutte contre le régime du parti Baas syrien, au pouvoir depuis près d'un demi-siècle.

Un autre rassemblement de l'opposition, baptisé «Conseil national de transition syrien», a choisi Burhan Ghalioun, directeur du Centre des études arabes à la Sorbonne à Paris, comme président. Ce dernier a promis de faire de cette initiative «le point de départ d'un véritable front d'opposition unifié».

Les États-Unis se sont félicités des efforts de l'opposition, en soulignant qu'en raison de la répression il était «très difficile pour elle de s'organiser politiquement».

La France a plaidé pour une opposition unie, en estimant que «toutes les initiatives visant à unifier l'opposition et à ouvrir la perspective d'une Syrie démocratique et respectueuse de tous ses citoyens sont positives».

Dans une virulente attaque contre son ancien «ami» M. Assad, M. Erdogan, qui ne cesse d'appeler à l'arrêt de cette répression sanglante, a affirmé que «ce genre de dirigeant doit comprendre que son ère est révolue parce que le temps des régimes oppresseurs a pris fin».

Il a aussi demandé au président iranien Mahmoud Ahmadinejad d'infléchir son soutien au régime de Damas, selon la presse turque.