La Syrie a accepté le plan de sortie de crise proposé par la Ligue arabe, s'engageant notamment à mettre fin à la répression dans le pays où les violences ont fait mercredi 34 nouvelles victimes.

«La délégation syrienne a accepté sans réserves le plan de la Ligue arabe dans sa totalité» lors de la réunion ministérielle de la Ligue à son siège au Caire, a annoncé à l'AFP un responsable arabe.

Le premier ministre et chef de la diplomatie du Qatar Hamad ben Jassem Al Thani, à la tête du comité ministériel arabe chargé de négocier un règlement, a assuré espérer «que seront appliqués l'arrêt total de la violence pour protéger les civils, la libération des personnes incarcérées en raison des événements actuels, l'évacuation des villes et zones en proie à des conflits armés» prévus par le plan.

«Si la Syrie ne respecte pas ces engagements, le comité ministériel se réunira à nouveau et prendra les décisions adéquates», a-t-il toutefois prévenu.

De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a estimé que «l'objectif principal est de fournir une solution arabe qui envoie un message clair et crédible au peuple syrien pour une avancée qualitative dans l'arrêt de toute forme de violence et l'accès au terrain» des organisations de la Ligue arabe et des médias arabes et internationaux.

Le texte du plan, dont l'AFP a obtenu copie, prévoit en outre que «le comité ministériel arabe mène des consultations avec le gouvernement et les différents partis de l'opposition syrienne en vue d'un dialogue national».

Le texte ne précise toutefois pas le lieu de ce dialogue. Ce point est pourtant sensible, le régime souhaitant qu'il soit ouvert à Damas, tandis que l'opposition réclame qu'il ait lieu en dehors du pays.

Affirmant que Damas a répondu à la Ligue arabe «par une escalade de la répression», le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la majorité des courants de l'opposition à M. Assad, a de son côté appelé de nouveau l'organisation panarabe à «geler l'adhésion» de la Syrie.

«Le comportement sanguinaire du régime montre qu'il fait fi des efforts arabes visant à arrêter l'effusion du sang et à éviter les ingérences étrangères. Le régime veut gagner du temps», a affirmé le CNS.

De leur côté, la chancelière allemande Angela Merkel et le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, en visite à Berlin, ont réclamé une pression accrue sur Damas.

«Nous souhaiterions, je le dis au moins pour l'Allemagne, une condamnation plus forte (de la Syrie) en particulier par les Nations unies», a déclaré Mme Merkel.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, en visite en Libye, a appelé M. Assad à «appliquer l'accord le plus tôt possible et comme convenu».

«Les gens ont trop souffert trop longtemps. Les meurtres de civils doivent cesser immédiatement», a-t-il ajouté, rappelant que les violences avaient déjà fait plus de 3000 morts.

Dans le même temps, l'opposition au Liban voisin, a appelé le gouvernement, dominé par le Hezbollah, à cesser de soutenir M. Assad, soulignant le risque d'isolement diplomatique pour le pays.

Sur le terrain, «onze ouvriers ont été tués par des hommes armés venant de villages pro-régime» dans la province de Homs (centre), et huit civils ont péri sous les tirs des forces de sécurité dans la ville de Homs, théâtre d'opérations militaires depuis plusieurs semaines, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

En outre, 15 membres des forces gouvernementales ont été tués dans la province de Hama (nord) dans deux opérations menées par des déserteurs, selon la même source. L'«Armée syrienne libre», une force d'opposition armée, a revendiqué un des deux opérations.

La révolte populaire semble avoir pris depuis quelques semaines une nouvelle tournure avec, outre les manifestations pacifiques, des attaques armées meurtrières menées contre les soldats par des déserteurs, selon des organisations syriennes des droits de l'homme.