Le chef de l'Armée syrienne libre (ASL) regroupant les militaires dissidents s'est dit jeudi favorable à des frappes aériennes étrangères contre «certaines cibles stratégiques» pour le régime syrien.

Parallèlement, l'ASL a revendiqué dans un communiqué une attaque menée jeudi contre un bus transportant des pilotes de l'armée sur la route reliant Palmyre à Homs dans le centre de la Syrie, dans laquelle sept officiers ont été tués.

«Nous ne sommes pas favorables à l'entrée de troupes étrangères comme cela fut le cas en Irak, mais nous voulons que la communauté internationale nous fournisse un soutien logistique», a déclaré par téléphone à l'AFP le colonel Riad Al-Assaad, basé en Turquie.

«Nous souhaitons aussi une protection internationale, la mise en place d'une zone d'interdiction aérienne et d'une zone tampon et aussi des frappes contre certaines cibles stratégiques que le régime considère comme cruciales», a-t-il ajouté.

Avec un tel soutien international, «nous serons en mesure de triompher dans un délai relativement court», a assuré le colonel dissident.

Interrogé sur la nature des «cibles stratégiques» qui pourraient être visées, il a notamment cité «les missiles avec lesquels le régime pourrait menacer la région».

Il a aussi accusé le régime de déployer des missiles dans les «zones côtières alaouites».

«Nous préférerions que ces missiles soient visés par des frappes étrangères, car si l'opposition mène des attaques dans ces zones, elle sera accusée d'attaquer les régions alaouites par le régime qui se servira de cela comme prétexte pour déclencher un conflit confessionnel», entre la minorité alaouite et la majorité sunnite, a-t-il expliqué.

L'ASL a multiplié ces dernières semaines les attaques, ouvertement revendiquées, contre l'armée syrienne et les miliciens du régime.

Le colonel Assaad a affirmé que l'ASL comptait «au moins 20 000 hommes et le nombre augmente chaque jour».

«Nous sommes déterminés à protéger et libérer notre peuple, et à faire tomber le régime», a-t-il ajouté.

«Le coeur du régime est ébranlé et il s'appuie désormais sur des mercenaires envoyés par le (mouvement chiite libanais) Hezbollah et Moqtada Sadr» le chef radical chiite irakien.

«Nous espérons que le régime d'Assad connaîtra bientôt la même fin que celle de Kadhafi en Libye», a-t-il encore dit.

Depuis le déclenchement des manifestations contre le régime du président Bachar al-Assad en mars, la répression a fait plus de 3500 morts selon l'ONU et des dizaines de milliers d'arrestations.

Le colonel al-Assaad s'est par ailleurs inscrit en faux contre les déclarations du chef du Conseil national syrien (CNS, opposition) Burhan Ghalioun qui a appelé mercredi depuis Paris l'ASL à ne pas mener «d'actions offensives» contre l'armée régulière.

«Nous sommes dans une situation de légitime défense. S'il (Ghalioun) n'est pas favorable (aux attaques contre l'armée), qu'il nous trouve un mécanisme de protection du peuple syrien et qu'il fasse en sorte que les chars du régime soient retirés des rues», a-t-il dit.

La Ligue arabe a lancé jeudi un nouvel ultimatum à Damas, lui donnant moins de 24 heures pour accepter l'envoi d'observateurs sous peine de sanctions, et va recourir pour la première fois à l'ONU pour régler la crise en Syrie.

Longtemps réticents à toute internationalisation de la question syrienne, les ministres arabes des Affaires étrangères ont décidé d'appeler le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-Moon à «prendre les mesures nécessaires pour appuyer les efforts de la Ligue arabe pour résoudre la crise en Syrie».

Réunis au Caire, ils ont également invité Damas, dont la participation aux réunions de la Ligue arabe a été suspendue le 12 novembre, à signer leur plan prévoyant l'envoi d'observateurs vendredi à Damas, sous peine de sanctions.

Sur le terrain, 18 membres des forces gouvernementales ont été tués par des déserteurs dans le centre de la Syrie.

Sept pilotes militaires ont été tués dans une attaque menée par des hommes armés contre le bus qui les transportait près de Palmyre, selon un opposant de Homs. Ces morts ont été revendiquées dans un communiqué par l'ASL.

Onze militaires et deux déserteurs ont également été tués dans des affrontements entre forces gouvernementales et militaires dissidents, dans la région de Homs, où douze civils ont également été tués dans la répression, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), basé au Royaume-Uni.

Ligue arabe: nouvel ultimatum et appel à l'ONU

Sur le plan diplomatique, les ministres arabes des Finances ont prévu de se réunir samedi pour décider de sanctions contre Damas dans le cas d'un refus par la Syrie de signer l'accord sur l'envoi d'observateurs. Beyrouth s'est déjà dit opposé à de telles mesures.

Ces sanctions sont, selon un responsable de la Ligue, «la suspension des vols vers la Syrie, des transactions avec la banque centrale, des transactions commerciales avec le gouvernement à l'exception de celles portant sur les biens de première nécessité pour le peuple, le gel des avoirs financiers du gouvernement et l'arrêt des transactions financières avec ce dernier».

L'économie syrienne est déjà affectée par les sanctions prises par l'Union européenne et les États-Unis notamment. Des mesures de rétorsion économiques arabes risqueraient d'étouffer la Syrie, car la moitié de ses exportations et près d'un quart de ses importations se font avec les pays arabes.

«Si cela se produit, ce sera vraiment malheureux (...) Cela causera certainement des dommages sévères à la Syrie, mais aussi aux autres pays arabes», a estimé le ministre syrien de l'Économie et du Commerce, Mohamad Nedal Alchaar dans un entretien à l'AFP.

Il a également reconnu que la Syrie connaissait la pire crise économique de ces dernières années, tout en assurant que le pays pouvait la surmonter en faisant des progrès en terme d'autosuffisance.