Le chef du Hezbollah Hassan Nasrallah a prévenu mardi à Beyrouth ceux qui «misent sur un changement» dans le monde arabe que les combattants du mouvement chiite libanais seraient armés encore plus lourdement, après une brève apparition en public, la première depuis trois ans.

«Voici un message à tous ceux qui conspirent contre la résistance et misent sur un changement (dans le monde arabe). Nous n'envisagerons jamais d'abandonner nos armes», a-t-il lancé en allusion à la révolte contre le régime syrien, l'un des appuis du Hezbollah.

Avant de prononcer son discours, retransmis sur écrans géants, cheikh Nasrallah a fait une brève apparition devant ses partisans réunis dans la banlieue sud de la capitale libanaise pour commémorer le deuil chiite de l'Achoura.

«Jour après jour, la résistance recrute plus de combattants, forme de meilleurs combattants et les arme de plus en plus lourdement», a-t-il ajouté, précisant que chaque arme rouillée était remplacée.

Selon des experts, la crise en Syrie, qui menace le pouvoir du président Bachar al-Assad, a pourtant porté un coup sévère au Hezbollah dont Damas est avec Téhéran le principal soutien.

Cheikh Nasrallah a également accusé les États-Unis de chercher à détruire la Syrie pour «compenser leur défaite en Irak».

«Les États-Unis ont essayé de se faire passer comme des défenseurs des droits de l'homme et de la démocratie dans le monde arabe», a-t-il déclaré.

«Ces (...) hypocrites sont connus pour avoir soutenu toutes les dictatures (...) et les avoir reniées immédiatement après leur chute», a-t-il poursuivi.

«Ca, c'est la marque de Satan», a-t-il estimé.

Mardi, des images ont montré cheikh Nasrallah d'abord se frayant un passage vers la tribune alors qu'une foule en liesse tentait d'approcher le leader, entouré d'une nuée de gardes du corps habillés en noir. Il est ensuite apparu détendu avant de s'éclipser et de réapparaître sur les écrans.

La dernière apparition du chef du Hezbollah, considéré comme une cible pour Israël, remonte à juillet 2008 lorsqu'il était venu accueillir cinq prisonniers libanais libérés par l'État hébreu.

Le Hezbollah, qui contrôle une grande partie du sud du Liban, et Israël se sont livré une guerre dévastatrice à l'été 2006. Le mouvement est classé sur la liste américaine des organisations terroristes.

Cheikh Nasrallah a par ailleurs réitéré son soutien au président Assad et critiqué l'opposition syrienne, estimant qu'elle était soumise aux États-Unis et à Israël.

«Depuis le tout début, nous avons dit clairement que nous nous tenons aux côtés du régime (syrien), un régime de résistance» contre Israël, a-t-il indiqué.

Il a critiqué le Conseil national syrien (CNS), une coalition des plus importants partis de l'opposition syrienne, l'accusant de vouloir «détruire la Syrie».

«Le soi-disant Conseil national syrien, formé à Istanbul, et son leader Burhan Ghalioun (...) tentent de présenter leurs lettres de créance aux États-Unis et à Israël», a-t-il estimé.

Ces commentaires interviennent après des déclarations de M. Ghalioun au Wall Street Journal selon lequel si la Syrie était dirigée par le CNS, les liens militaires avec l'Iran, le Hezbollah et le Hamas seraient coupés.