La Ligue arabe a annoncé samedi envisager de saisir le Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie, où la répression de la révolte ne connaît pas de répit malgré des pressions internationales toujours grandissantes.

La Ligue arabe, qui semblait pourtant optimiste dans la matinée, a haussé le ton dans l'après-midi contre le régime du président Bachar al-Assad, dont la répression a fait 27 morts samedi selon des militants et plus de 5000 morts en neuf mois selon une estimation de l'ONU.

«Les ministres arabes des Affaires étrangères qui se réunissent le 21 décembre vont discuter» de la saisine du conseil de sécurité, a déclaré le premier ministre du Qatar, Hamad ben Jassem Al-Thani, à l'issue d'une réunion à Doha du comité ministériel de la Ligue arabe sur la Syrie.

La démarche auprès de l'ONU est destinée à «faire adopter les décisions arabes plutôt que d'autres», a-t-il ajouté, en référence à une proposition de résolution de la Russie, jugée insuffisamment sévère pour Damas par plusieurs pays occidentaux.

Cheikh Hamad a justifié cette démarche par ce qu'il a qualifié de «tergiversations de la Syrie». En l'«état actuel, il n'y a pas le moindre espoir pour sortir de la crise», a-t-il souligné.

Dans le même temps, une délégation irakienne s'est rendue samedi à Damas pour tenter une médiation. Son chef, Falah al-Fayyad, a déclaré avoir eu des «discussions positives» avec M. Assad, avant de repartir pour le siège de la Ligue arabe au Caire.

«Nous poursuivons nos efforts pour arriver à un accord entre les autorités et l'opposition syriennes. Il est trop tôt pour parler de résultats», a-t-il ajouté par téléphone, insistant sur «la position irakienne visant à trouver des solutions pacifiques qui respectent la volonté du peuple syrien, dans le cadre d'un changement démocratique loin des ingérences étrangères et des conflits confessionnels».

Dans un communiqué de l'agence officielle syrienne, M. Assad «a exprimé sa gratitude pour les efforts honnêtes menés par certains pays arabes, en particulier l'Irak, pour aider la Syrie à sortir» de la crise.

Sur le terrain, 27 personnes ont été tuées samedi par les forces de sécurité, a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme en Syrie (OSDH).

Huit civils ont péri lors de perquisitions dans le village de Kafarchams, près de Deraa (sud). Treize autres, dont une fillette de sept ans, ont été tués à Homs (centre) et dans sa région. Cinq civils, dont deux enfants, sont morts quand les forces de l'ordre ont tiré à l'aveugle dans un village près d'Idleb (nord-ouest). Et un jeune homme a été tué à Zabadani, près de Damas.

De violents accrochages ont en outre eu lieu entre des déserteurs et les forces de l'ordre dans les régions de Deraa et Idleb, selon l'OSDH, basé au Royaume-Uni.

Selon les militants pro-démocratie, la grève générale entamée le 11 décembre restait largement suivie dans de nombreux quartiers de Homs (centre), dans les villes rebelles de Idleb, Hama (nord) et Deraa (sud), ainsi que dans plusieurs banlieues de la capitale comme Douma et Harasta.

Vendredi, 19 civils avaient été tués par les forces de sécurité lors de manifestations massives à travers le pays, lors desquelles les protestataires avaient dénoncé l'inaction de la Ligue arabe, selon l'OSDH.

Au Liban voisin, un agriculteur syrien a été tué par l'explosion d'une mine alors qu'il traversait la frontière par un passage illégal, selon une source médicale libanaise. Un responsable local a en outre annoncé le décès d'un jeune Libanais, blessé mercredi par des tirs syriens dans l'est du pays.

Sur le plan international, les pays occidentaux ont jugé peu sévère un projet de résolution présentée par la Russie, le texte ne condamnant selon eux pas assez fermement le régime syrien et ne soutenant pas non plus suffisamment son soutien aux mesures prises par la Ligue arabe contre la Syrie.

Le protocole proposé par la Ligue arabe a fait l'objet de plusieurs ultimatums de l'organisation panarabe, qui a adopté le 27 novembre des sanctions à l'encontre de Damas pour son refus de le signer, dont certaines économiques sont entrées en vigueur.

Début décembre, Damas a exigé la levée de ces sanctions arabes pour accepter le déploiement d'observateurs.

Dans le même temps, le Conseil national syrien (CNS), qui représente la majorité des courants d'opposition au régime de Damas, tenait un congrès en Tunisie. Ses membres discutaient à huis clos de l'organisation de l'opposition dans le but d'accélérer la chute de M. Assad.