Quatre cents personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la mission des observateurs de la Ligue arabe le 26 décembre, a annoncé mardi un responsable de l'ONU, la perspective d'une résolution de l'ONU demeurant lointaine en raison de l'hostilité de la Russie.

Ce chiffre a été mentionné par le sous-secrétaire général de l'ONU B. Lynn Pascoe, cité par l'ambassadrice américaine à l'ONU Susan Rice, lors d'une réunion des quinze pays du Conseil de sécurité sur la Syrie.

Les Nations unies avaient jusque-là fait état d'un bilan de plus de 5000 morts depuis le début des manifestations contre le régime du président Bachar al-Assad en mars dernier.

Mme Rice a souligné que le rythme des décès est «beaucoup plus élevé qu'avant le déploiement» des observateurs de la Ligue arabe. «C'est une indication que le gouvernement syrien renforce la violence, en dépit de la présence des observateurs».

À l'issue d'une réunion du Conseil de sécurité sur la Syrie, les ambassadeurs ont renouvelé leurs appels à la Russie pour ouvrir des négociations sérieuses en vue de l'adoption d'une résolution sur la répression sanglante des manifestations par le régime syrien.

«Nous regrettons que les négociations soient très lentes. Nous avons demandé un nouveau texte depuis quelque temps et nous avons exprimé notre frustration», a déclaré l'ambassadeur français à l'ONU Gérard Araud.

«Il est grand temps que ce Conseil adopte une résolution forte qui soutienne la Ligue arabe», a encore dit Mme Rice.

Les observateurs de la Ligue arabe «font un travail difficile dans une situation extrêmement difficile. Les autorités syriennes font tout pour que leur mission ne soit pas efficace. Ils ne leur donnent pas accès aux prisons. Ils ne retirent pas les forces armées des villes», a ajouté M. Araud.

«Vous savez qu'il y a des tireurs isolés qui sont une menace à la sécurité de ces observateurs. Nous faisons confiance à la Ligue arabe qui, à la suite d'un pré-rapport, a annoncé qu'un nombre supplémentaire d'observateurs sera envoyé sur place. Cela étant, comme nous le répétons, les observateurs en eux-mêmes cela ne suffit pas, il y a d'autres demandes qui ont été demandées par la Ligue arabe, le retrait des troupes syriennes des centres (urbains), l'arrêt des violences, l'accès aux prisonniers notamment, ces conditions clairement ne sont pas réunies», a-t-il dit.

Avant la réunion, l'ambassadeur allemand Peter Wittig avait expliqué devant la presse que l'hostilité de la Russie à une résolution condamnant le président Bachar al-Assad n'était «pas satisfaisante».

La Russie et la Chine ont opposé leur veto à un projet de résolution sur la Syrie en octobre. La Russie a depuis proposé son propre projet de résolution qui condamne à la fois les violences du gouvernement et celles provenant de l'opposition, mais un diplomate européen a indiqué que les discussions étaient «gelées» avec la Russie qui refuse des amendements à son projet de texte.

«Nous voulons que des négociations sérieuses commencent sur une résolution. Nous sommes prêts à combler le fossé qui existe, mais des négociations sérieuses doivent commencer», a encore dit Peter Wittig.