De violents combats avaient lieu dimanche entre militaires dissidents et soldats dans plusieurs villes rebelles syriennes pilonnées et attaquées par les forces du régime déterminé à étouffer la révolte, selon des militants et une ONG.

Les violences continuaient de plus belle au moment où l'émissaire international Kofi Annan devait évaluer à Moscou les intentions des dirigeants russes à l'égard de leur allié syrien, resté sourd aux appels à cesser la répression sanglante de la révolte.

Alors que la révolte populaire entamée le 15 mars 2011 se militarise, les affrontements ont pris de l'ampleur et gagné la capitale. Samedi, l'Armée syrienne libre (ASL), formée de militaires dissidents, a annoncé la création d'un Conseil militaire unifié, regroupant l'ensemble des forces rebelles, dont celles du général Moustapha Al-Cheikh, pour faire face au régime.

Dans la province de Damas, «un groupe de déserteurs a tiré des roquettes à l'aube sur des centres de la sécurité militaire et de la sûreté d'État à Nabk (80 km au nord-est de la capitale)», a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Mohammad al-Chami, un militant sur place, a affirmé que des combats avaient en outre opposé soldats et déserteurs toute la nuit et jusqu'aux premières heures de la journée, notamment à Douma, à 13 km au nord-est de la capitale syrienne.

Dans la région de Hama (centre), l'OSDH a fait état d'un civil tué au cours de bombardements et de tirs de roquettes de l'armée sur la localité de Mourk.

À Homs (centre), les comités locaux de coordination (LCC, opposition) ont fait état de nouveaux bombardements violents sur plusieurs quartiers notamment Khaldiyé, Bab Houd et Hamidiyé. L'OSDH a recensé trois blessés dans le quartier de Safsafa.

À la frontière avec la Turquie, la localité d'Aazaz dans la province d'Alep (nord), continuait d'être pilonnée et survolée par des hélicoptères militaires, selon les LCC. Les déserteurs de l'ASL bloquent une autoroute afin d'empêcher l'armée d'acheminer des renforts.

Dans la province de Deraa (sud), des chars sont entrés dans la localité de Nawa au milieu de tirs nourris des soldats qui se sont affrontés aux déserteurs, selon les LCC et l'OSDH. Cinq soldats et trois militaires dissidents ont péri.

Une explosion a touché un pont aux environs de la région de Lajat, où sont regroupés de nombreux déserteurs. Des milliers de soldats et des dizaines de véhicules blindés ont pénétré dans la localité où ils ont fait face aux déserteurs, a ajouté l'OSDH.

À Deir Ezzor (est), les forces de sécurité menaient perquisitions et arrestations, a-t-elle poursuivi.

Human Rights Watch a accusé l'armée régulière d'utiliser des civils comme boucliers humains lors des opérations d'arrestation, de perquisitions ou d'attaques sur des villes.

L'organisation de défense des droits de l'Homme a cité plusieurs témoignages, dont celui d'un homme arrêté à Idleb (nord-ouest). Les forces régulières «nous ont fait monter dans des bus. J'ai regardé par la fenêtre et j'ai vu une trentaine d'habitants qui marchaient devant les chars», a-t-il rapporté.

Par ailleurs, des manifestations nocturnes ont eu lieu dans plusieurs quartiers de Damas et à Idleb, selon des militants.

Samedi, 46 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans les violences.