Le régime du président syrien Bachar al-Assad a annoncé dimanche qu'il ne retirerait pas ses troupes des villes à moins de «garanties écrites» de l'opposition, à deux jours de la date limite fixée par l'ONU.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les violences ont connu une recrudescence ces derniers jours à travers le pays.

Au moins 38 personnes ont trouvé la mort dimanche, dont 19 civils, au lendemain d'une journée particulièrement meurtrière avec au moins 128 morts, dont 86 civils.

Kofi Annan, émissaire spécial de l'ONU et de la Ligue arabe sur la Syrie, s'est dit «choqué par (la) montée de la violence et des atrocités dans plusieurs villes et villages de Syrie».

Le régime a pour sa part exigé des engagements écrits pour procéder à un retrait de ses troupes.

«Dire que la Syrie va retirer ses forces des villes à la date du 10 avril est inexact, Kofi Annan n'ayant pas encore présenté de garanties écrites sur l'acceptation par les groupes terroristes armés de l'arrêt de toute forme de violences et sur leur volonté de livrer leurs armes», a affirmé le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

«M. Annan n'a pas non plus présenté d'engagements écrits des gouvernements du Qatar, de l'Arabie saoudite et de la Turquie sur l'arrêt de leur financement des groupes terroristes», ajoute le ministère, tout en se disant prêt à poursuivre sa coopération avec l'émissaire international.

Ces trois pays ont fortement appuyé l'opposition syrienne ces derniers mois, l'Arabie saoudite et le Qatar se déclarant même favorables à l'envoi d'armes aux rebelles.

Le plan de sortie de crise présenté par M. Annan, que Damas avait accepté le 2 avril et l'ONU entériné jeudi, prévoit que l'armée se retire des villes mardi matin afin de permettre un arrêt total des violences 48 heures plus tard.

«La Syrie ne va pas répéter ce qui s'était passé lors de la présence des observateurs arabes, quand les forces armées étaient sorties des villes, ce qui avait permis aux groupes terroristes armés de se réorganiser et de se réarmer pour contrôler des quartiers entiers», insiste le texte.

La Ligue arabe avait déployé fin décembre des observateurs censés superviser l'application d'un autre plan de sortie de crise, mais ils n'avaient pu que constater une recrudescence des violences.

L'opposition, considérée par le régime comme des «groupes terroristes armés», s'était d'ailleurs montrée sceptique sur les intentions du pouvoir.

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a appelé dimanche le Conseil de sécurité de l'ONU à «intervenir de toute urgence pour arrêter la catastrophe humanitaire engendrée par le régime (...) en adoptant une résolution (contraignante)», dans un communiqué.

Le chef des rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) Riad Al-Assaad a affirmé pour sa part son engagement envers le plan Annan, mais ajouté qu'il n'avait pas à donner de garanties au régime, mais à la communauté internationale.

Face à l'afflux massif de Syriens fuyant les violences, la Turquie, qui héberge déjà plus de 24.500 réfugiés, a menacé de prendre des «mesures» si Damas ne cessait pas les violences à la date butoir de mardi.

Selon la presse turque, plusieurs scénarios ont été envisagés, en particulier la création d'une zone tampon le long de la frontière.

Pour sa part, le chef de la diplomatie belge Didier Reynders a estimé qu'une intervention humanitaire avec une protection militaire sur le terrain serait nécessaire en Syrie si le régime syrien continue sur «le chemin de la barbarie».

L'Allemagne a également insisté pour «que la violence ait une fin, au plus tard le 10 avril». «L'accès de l'aide humanitaire aux gens doit être permis. Cela doit être vérifiable par la communauté internationale», a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

Benoît XVI a supplié dimanche dans son message pour Pâques que «cesse l'effusion de sang» en Syrie, où selon l'OSDH plus de 10.000 personnes ont perdu la vie et au moins 100.000 connu la prison depuis le début de la révolte en mars 2011.

Les violences ont fait dimanche au moins 38 morts, dont 19 civils, dans des opérations militaires menées contre les bastions rebelles, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), et dans des combats entre soldats et déserteurs, ont rapporté les militants.

L'OSDH citant «plusieurs sources» non identifiées a indiqué par ailleurs qu'un «groupe de déserteurs armés avait abattu un hélicoptère lors de combats en cours dans la région de Jisr al-Choughour» dans la province d'Idleb.

Aucune confirmation par les rebelles ou de source officielle n'a pu être obtenue par l'AFP.

Dans la province de Hama (centre), les agents de sécurité se sont déployés massivement à Mourk à la recherche de militants et «ont incendié des maisons et des voitures et arrêté plusieurs personnes, selon un militant sur place, Abou Ghazi al-Hamoui.

Quelque 200 personnes ont été arrêtées lors de perquisitions à travers le pays, selon l'OSDH.