Les appels désespérés de l'ONU pour le Pakistan ont été en partie entendus. Plusieurs pays ont annoncé hier de nouveaux dons pour venir en aide aux 20 millions de sinistrés. Résultat: on a maintenant amassé 40% des 460 millions réclamés de toute urgence. Une aide qu'on attend, sur le terrain, dans le plus grand désarroi, rapporte notre collaborateur.

C'était tout ce qu'il possédait: une petite maison en terre sèche, quelques buffles, un petit troupeau de chèvres. Il ne reste aujourd'hui qu'un immense tas de boue et de paille.

Mohammed Hussein, 53 ans, passe ses journées les mains enfouies dans les décombres à la recherche des choses qu'il pourrait sauver. Maigres résultats: une dizaine d'ustensiles de cuisine, quelques planches... Un peu plus loin, sa petite fille vêtue d'un simple t-shirt est assise à même le sol, les pieds dans l'eau. Elle a tout juste 2 ans.

Ce rescapé de la pire catastrophe naturelle de l'histoire du Pakistan est l'un des 25 000 habitants de Garhi, un des villages les plus touchés, dans le district de Nowshera au nord-ouest du pays. «Mon bétail a été emporté par les eaux, je n'ai plus rien pour vivre, raconte Mohammed Hussein. Je n'ai pas les moyens de reconstruire. Ma famille s'est réfugiée chez des proches dans un autre village. Nous vivons à 10 dans une seule pièce.»

Ce village est à l'image de milliers d'autres touchés par cette catastrophe d'une ampleur rarement vue: 80% des maisons y ont été détruites.

Entouré de champs de canne à sucre inondés, Garhi offre au regard un paysage postapocalyptique. La boue et les débris recouvrent les rues. Les pylônes électriques sont couchés au sol. Des bouts de ferraille et des tissus pendent des arbres...

Pas d'eau courante ni d'électricité

Il n'y a plus d'eau courante ni d'électricité. Les pieds dans l'eau croupie, Saïd Arab Khan, père de famille de 36 ans, rebâtit un pan de sa maison emportée par les torrents.

«Ma femme et mes filles sont malades, dit-il, épuisé. Elles ont des allergies, des problèmes respiratoires et des diarrhées, mais il n'y a aucun secours pour les soigner. Je suis seul et je dois faire de mon mieux. C'est la plus grande tragédie que j'ai connue dans ma vie.»

Quelques camps tenus par des organisations humanitaires sont apparus sur le bord des routes. Mais ils manquent souvent de place et se trouvent parfois à plusieurs kilomètres des maisons des sinistrés qui, par peur des pillages, préfèrent reste à côté de chez eux dans des abris de fortune.

D'autres se sont rassemblés dans les écoles et les mosquées des environs. Pour des millions d'entre eux, les conditions sanitaires sont déplorables et l'aide ne leur parvient toujours pas. La population dénonce l'incurie des autorités et la faible mobilisation de la communauté internationale.

Les besoins sont pourtant immenses, plaide Ashabul Wameen, qui a recueilli une famille de sinistrés dans le village de Jhangira. «Ils ont tout perdu, explique-t-il. Ils ont besoin des produits de première nécessité: de la farine, de l'huile, du pain, du sucre, des médicaments... et surtout de l'eau potable.»

Pour le pays et ses 20 millions de sinistrés, les dégâts économiques sont énormes. Il faudra de nombreuses années au Pakistan pour se remettre de ces inondations. Les cultures notamment, une des principales ressources du pays, ont été détruites par les eaux.

«Les mois qui viennent seront extrêmement difficiles pour les victimes, explique Aamir Gamaryani, responsable local de l'ONG américaine Relief International. Mais l'urgence pour l'instant, c'est d'offrir un toit, à manger et des soins médicaux aux sinistrés. Pour cela, il faudrait un soutien efficace des autorités et de la communauté internationale. Mais nous ne voyons rien venir pour l'instant de suffisamment conséquent.»