Mirlande Manigat, arrivée en tête du premier tour de l'élection présidentielle en Haïti, est une ancienne Première dame et une intellectuelle qui promet de rompre avec la corruption et demande le départ progressif des soldats de l'ONU.

Diplômée de la Sorbonne et de Sciences-Po, Mirlande Manigat, 70 ans, est une enseignante de carrière, sans grande expérience politique.

Élue sénatrice en 1988 à la faveur de l'élection à la présidence de son mari Leslie Manigat, l'ancienne Première dame n'a fait qu'une courte expérience de quelques mois au Parlement avant le renversement de M. Manigat par l'armée.

Jusqu'à la campagne des derniers mois, elle avait toujours vécu dans l'ombre de son mari, se consacrant à l'enseignement pour devenir vice-rectrice d'une université privée en Haïti.

En 2006, elle remporte largement un siège au Sénat lors d'élections législatives mais renonce à siéger à la demande de son mari, candidat malheureux à l'élection présidentielle qui a vu la victoire de René Préval.

Elle héritera plus tard de la direction du parti RDNP (Rassemblement des démocrates nationaux progressistes) sous la bannière duquel elle s'est présentée aux élections du 28 novembre, avec le soutien d'un groupe de parlementaires opposés au président Préval.

Toujours en tête des sondages d'opinion, elle a bénéficié de la sympathie des organisations féminines qui voudraient voir pour la première fois une femme élue à la présidence.

Après avoir demandé l'annulation des scrutins le jour de l'élection marqué par une grande désorganisation, elle est revenue sur sa position le lendemain pour annoncer qu'elle était toujours candidate à la présidence. «Je suis sûre de gagner les élections, je serai la prochaine présidente d'Haïti», a-t-elle assuré.

Pragmatique, se présentant comme une légaliste attachée à la constitution, elle a promis de travailler avec l'opposition et de cohabiter avec le parti Inite («Unité») de Jude Célestin, candidat du parti au pouvoir, si cette formation obtenait la majorité au Parlement.

«Je suis consciente des difficultés de gouverner ce pays à un moment si difficile», a-t-elle reconnu, moins d'un an après le séisme qui a tué 250 000 personnes.

Si elle est élue, Mme Manigat demandera le départ progressif de la mission de l'ONU en Haïti (Minustah), qu'elle a qualifiée de «force d'occupation» lors d'un entretien à l'AFP.