Le président Nicolas Sarkozy s'est attaché dimanche à peaufiner une image de candidat du «peuple», protecteur face à la crise et défenseur des valeurs identitaires, tout en poursuivant son matraquage contre son rival socialiste François Hollande.

Devant quelque 10 000 sympathisants brandissant des drapeaux tricolores dans une vaste salle d'un parc de Marseille (sud-est), le candidat de la droite a commencé par dire qu'il était «venu parler de la France».

«Jeune, j'ai aimé la France, beaucoup dans ma famille venaient de loin», a déclaré le président d'origine hongroise sur le ton de la confidence avant de retrouver un ton nettement plus agressif contre son adversaire socialiste, donné vainqueur dans les sondages à deux mois du premier tour.

«Je veux être le candidat du peuple de France. Je ne serai pas le candidat d'une petite élite contre le peuple», a-t-il lancé, défendant ainsi le référendum auquel il veut recourir notamment sur «le contentieux de l'immigration» et «la formation des chômeurs».

Il a expliqué à une salle conquise s'adresser à ceux qui pensent que se «tourner vers le peuple, c'est du populisme, parce qu'au fond d'eux-mêmes ils trouvent que le peuple n'est pas assez raisonnable, pas assez intelligent pour qu'on lui demande son avis».

Dès jeudi à Annecy (est), lors de sa première réunion, Nicolas Sarkozy s'était présenté en défenseur du «peuple» face à «l'entre-soi des élites», s'attirant des railleries de l'opposition, qui n'avait pas manqué de rappeler l'image d'un président fêtant sa victoire de 2007 au Fouquet's, restaurant chic des Champs-Élysées, ou adoptant comme première grande réforme un «bouclier fiscal» protecteur «pour les riches».

Sans le nommer, le chef de l'État s'en est pris violemment à François Hollande, l'accusant à nouveau de ne pas «dire la vérité», d'être libéral ou socialiste au gré des circonstances, de faire «semblant d'être Thatcher à Londres et Mitterrand à Paris».

Lundi dans des propos au journal britannique The Guardian, François Hollande avait tenté de tempérer les craintes de la finance à son égard, affirmant que la gauche au pouvoir en France avait libéralisé l'économie, alors qu'il avait désigné, quelques jours auparavant, le «monde de la finance» comme son «seul adversaire».

À Marseille, ville cosmopolite et terre d'immigration, fortement touchée par un chômage galopant, Nicolas Sarkozy a une fois encore dramatisé la situation, affirmant que la France touchée par la crise de 2008 avait «échappé à une catastrophe». «Ceux qui «font comme si rien de grave ne s'était passé depuis trois ans mentent aux Français.»

«Toutes les banques du monde ont failli disparaître (...), vos emplois étaient menacés. Nous avons réussi à empêcher cette catastrophe», s'est-il félicité, se posant en garant d'un État protecteur pour les Français face aux dérives de la finance.

Il a réaffirmé l'ancrage à droite de sa campagne, défendant les valeurs identitaires de la France et agitant le spectre d'une dérive communautariste pour justifier son opposition au vote des étrangers (hors UE) aux élections locales --alors qu'il y était favorable il y a quelques années.

«Quand on aime la France, on ne réduit pas la nationalité française à une adresse et on ne prend pas le risque du vote communautaire qui ferait peser sur les élus locaux une pression communautariste immense et voler en éclat notre pacte républicain», a-t-il lancé, visant une fois encore M. Hollande, favorable au vote des étrangers non communautaires aux scrutins locaux.

Enfin, il s'est prononcé pour l'introduction «à la marge» d'une dose de proportionnelle pour les élections législatives, jugeant que le mode de scrutin actuel, majoritaire à deux tours, tenait à l'écart de «grands courants de notre vie politique», en allusion à l'extrême droite.

Sans surprise, la gauche a tiré à boulets rouges contre le discours du président sortant. Patrick Menucci, élu socialiste de Marseille, l'a même qualifié de «plus populiste jamais prononcé» par un président.

Quant à Carla Bruni-Sarkozy, qui assistait à sa première réunion, elle a glissé à la presse qu'elle avait trouvé son mari «très émouvant et merveilleux».