Loin de s'essouffler, les émeutes se sont poursuivies pour la troisième journée consécutive à Londres, au Royaume-Uni. Les violences se répandent rapidement dans les quartiers défavorisés de la capitale et ont même débordé dans plusieurs grandes villes du pays, hier.

Croydon, dans le sud de Londres, était en flammes, hier soir, et des dizaines de jeunes masqués ont dévalisé des commerces et incendié des véhicules. Plusieurs automobilistes ont dit avoir été attaqués sur la principale route qui mène au quartier, London Road. Les quartiers voisins de Lewisham et Peckham, connus pour leurs gangs de rue et leur taux de criminalité élevé, ont aussi été durement touchés par les émeutes.

Les troubles, qui avaient jusqu'à présent eu lieu la nuit, ont même éclaté en plein jour. Le quartier Hackney, dans l'est de Londres, a ainsi été perturbé hier par divers actes de violence après l'arrestation d'un homme. Des commerces et des voitures de police ont été vandalisés. Les forces policières ont dû boucler une partie du secteur en après-midi pour limiter les dégâts.

En soirée, hier, la tension était toujours palpable dans le quartier, a raconté une résidante à La Presse. «C'est assez tendu dans l'est de la ville, même si la majorité des violences avait eu lieu dans le nord jusqu'à présent. Il y a beaucoup de jeunes qui se promènent en vélo et qui cherchent les coins chauds. Je ne pense pas qu'ils réalisent à quel point c'est sérieux», a confié Monica Schiza, qui habite Londres depuis plus d'une dizaine d'années.

Au-delà de la capitale, la violence s'est même étendue hier à Birmingham, deuxième ville du Royaume-Uni, à 200 km au nord-ouest de la capitale. Des jeunes masqués se sont rassemblés au centre-ville, où ils ont brisé des vitrines. Un poste de police a également été incendié. Neuf personnes ont été arrêtées dans les affrontements avec la police.

En soirée, la BBC rapportait également des incidents à Manchester, Bristol et à Liverpool, où des voitures ont été incendiées.

Devant l'ampleur des violences, tant le premier ministre britannique, David Cameron, que le maire de Londres, Boris Johnson, ont même mis fin à leurs vacances pour rentrer aujourd'hui dans la capitale.

Depuis le début des émeutes, au moins 35 policiers ont été blessés à Londres, dont 3 lorsqu'ils ont été heurtés par une voiture alors qu'ils procédaient à une arrestation. La police a dit avoir arrêté 215 personnes durant les deux premières nuits de la vague de violence. Le bilan risque toutefois d'être beaucoup plus élevé puisque la police compte utiliser les images captées par les milliers de caméras de surveillance installées dans Londres pour pourchasser les auteurs de méfaits. La Metropolitan Police (MET) est à visionner des milliers d'heures d'enregistrements et demande la collaboration de la population pour identifier les gens dont la photo sera publiée sous peu.

La vaste majorité des émeutiers arrêtés ont moins de 30 ans. En fait, la moitié d'entre eux sont nés dans les années 90, révèle une compilation du MET. Le plus jeune est âgé d'à peine 11 ans et a été accusé de vol. La police a d'ailleurs invité les parents à mieux surveiller leurs enfants. «J'inviterais les parents à appeler leurs enfants pour leur demander où ils sont. Il y a beaucoup trop de simples spectateurs qui sont dans le chemin de la police pour enrayer les vols et le vandalisme», a déclaré hier soir Tim Godwin, chef intérimaire du MET.

Les premières émeutes ont éclaté samedi soir dans le quartier de Tottenham, deux jours après la mort de Mark Duggan, 29 ans, lors d'une intervention policière. Afin de calmer les esprits échauffés, la police a officiellement présenté ses excuses à sa famille, hier soir. Les émeutes se sont tout de même poursuivies et répandues à plusieurs autres secteurs.

Un résidant du quartier Brixton, saccagé dimanche soir, relate que la majorité des commerces dans sa rue ont été vandalisés. «Tout était fermé, placardé sur Brixton Road, hier. C'est désolant. J'habite Londres depuis 10 ans et je ne m'y suis jamais senti en danger. Tout est arrivé si vite», déplore Abdu.

Dipankar De Sarkar, qui habite à Londres depuis 25 ans, avait peine à croire que la Ville qui s'apprête à recevoir les Jeux olympiques d'été, dans un an à peine, puisse être en proie à de telles violences. «Ça gâche l'image de la Ville», s'indigne ce correspondant de l'Hindustan Times, un quotidien indien.

Liste des quartiers touchés

1. TOTTENHAM Samedi

2. ENFIELD Dimanche

3. WALTHAMFOREST Dimanche

4. LAMBETH Dimanche

5. CLAPHAM(Lambeth) Lundi

6. WALTHAMSTOW Dimanche

7. BRIXTON Dimanche

8. ISLINGTON Dimanche

9. PONDERS END Dimanche

10. HACKNEY Lundi

11. CROYDON Lundi

12. LEWISHAM Lundi

13. PECKHAM Lundi

14. EALING Lundi

15. WOOLWICH Lundi

16. CAMDEN Lundi