Rick Perry avait pourtant commencé sa réponse sur un ton volontaire.

«Et je vous le dis, quand j'arriverai là [à la Maison-Blanche] trois ministères disparaîtront: le Commerce, l'Éducation et... euh... le... quel est le troisième, déjà? Voyons voir...»

Au bout des 53 secondes les plus longues de sa carrière politique, et malgré l'aide d'au moins deux de ses rivaux, le gouverneur s'est avoué vaincu, mercredi soir, lors d'un débat au Michigan entre les sept candidats à l'investiture républicaine pour l'élection présidentielle de 2012.

«Le troisième, je ne peux pas, je suis désolé. Oups», a balbutié le gouverneur du Texas.

Le «oups» de Rick Perry est devenu un classique instantané, mettant fin à un des trous de mémoire les plus dévastateurs de l'histoire politique américaine. Plusieurs observateurs et quelques supporteurs du gouverneur texan en ont conclu que sa campagne était finie dans un blizzard de commentaires à la télévision, dans les journaux, sur Twitter et ailleurs dans la blogosphère.

«C'est l'équivalent humain de la navette Challenger», a déclaré Mark McKinnon, ex-conseiller de George W. Bush, faisant référence à l'explosion du vaisseau spatial en 1986.

Rick Perry a néanmoins promis hier de continuer sa quête présidentielle, reconnaissant qu'il s'était «planté» lors d'une série d'interviews télévisées qui ont commencé à l'aube et pris fin en soirée à l'émission Late Show with David Letterman.

«Tout le monde fait des erreurs, a-t-il déclaré sur ABC. D'autres erreurs seront commises et nous les corrigerons au fur et à mesure.»

Un autre candidat que Rick Perry pourrait sans doute survivre sans trop de mal à une gaffe semblable. Mais le gouverneur du Texas ne pouvait guère se permettre de renforcer de telle façon l'image qu'il s'est donnée involontairement au cours des dernières semaines. L'image d'un politicien mal préparé et mal équipé pour affronter les rigueurs d'une campagne présidentielle.

Entré en lice à la mi-août, Rick Perry s'était rapidement hissé en tête des sondages, avant de se faire devancer par les Mitt Romney, Herman Cain et Newt Gingrich après une série de débats au cours desquels il a offert des performances médiocres ou désastreuses.

Le gouverneur a également retenu l'attention à la suite d'un discours prononcé il y a deux semaines, au New Hampshire, et dont les extraits diffusés sur YouTube ont fait croire à certains qu'il était ivre ou drogué. Il a par la suite dû nier la chose lors d'une interview.

Au fait, Rick Perry a fini par se rappeler, lors du débat de mercredi soir, quel est le troisième ministère qu'il veut abolir: l'Énergie.