Dans les années 90, à une époque où il ne siégeait pas à la Chambre des représentants du Congrès américain, Ron Paul a profité financièrement de la vente de bulletins d'information portant son nom et contenant des écrits racistes, antisémites et homophobes.

Mais le prétendant républicain à la présidence, en tête dans certains sondages en Iowa, affirme aujourd'hui n'avoir ni écrit ni lu à l'époque ces commentaires comparant notamment les Noirs à des «animaux», attribuant aux Israéliens la paternité des attentats de 1993 contre le World Trade Center et préconisant d'interdire aux sidéens l'accès aux restaurants.

«Je désavoue ces commentaires», a déclaré Ron Paul cette semaine lors d'une entrevue sur CNN à laquelle il a coupé court.

Hier, un porte-parole du représentant texan a dû fournir un autre démenti à la suite de la publication, par l'agence de presse Reuters, d'une lettre portant sa signature et dans laquelle Ron Paul faisait la promotion de ses bulletins d'information en évoquant des théories de conspiration loufoques ou nauséabondes.

Des «billets totalitaires»

Écrite vers 1993, la lettre prédit «une guerre raciale dans nos grandes villes», dénonce un «camouflage fédéral-homosexuel» pour minimiser l'impact du sida et décrit un scénario dans lequel «un agent de l'IRS armé d'un AK-47» demandera aux citoyens de rendre leurs «billets verts».

Billets verts qui, avertit le signataire de la lettre, seraient remplacés par une «nouvelle monnaie» avec des «billets totalitaires» permettant aux autorités de «suivre à la trace l'argent américain et les citoyens américains».

«Le Dr Paul n'a pas écrit cette lettre et désavoue son contenu», a déclaré Jesse Benton, porte-parole du candidat à l'investiture républicaine pour la présidence.

La question des écrits controversés publiés dans des bulletins d'information portant le nom de Ron Paul avait fait surface lors de sa campagne présidentielle de 2008. Plus ou moins ignorée à l'époque, elle redevient d'actualité à moins de deux semaines des caucus d'Iowa, le scrutin qui lancera le 3 janvier le processus de sélection du candidat républicain à la présidence.

Ron Paul est particulièrement populaire dans cet État du Midwest, où des sondages le donnent gagnant devant Newt Gingrich et Mitt Romney, ses deux principaux rivaux dans la course à l'investiture républicaine. Son discours actuel, fidèle à l'idéologie libertarienne, ne comporte aucun appel à l'intolérance.

Mais le gynécologue-obstétricien de profession n'a jamais nommé l'auteur ou les auteurs des écrits controversés parus dans des bulletins ayant pour titre Ron Paul Report, Ron Paul's Freedom Report, Ron Paul Survival Report et Ron Paul Investment, qui ont généré des revenus de près d'un million de dollars en 1993.

Ses démentis d'aujourd'hui contrastent en outre avec des interviews accordées dans les années 80 et 90, dans lesquelles il a fait la promotion de ses bulletins d'information et défendu certains de leurs propos controversés.