Le gouvernement tunisien a lancé un mandat d'arrêt international mercredi contre le président déchu Zine al-Abidine Ben Ali et six de ses proches, dont son beau-frère Belhassen Trabelsi, qui s'est réfugié à Montréal pendant la révolution.

Interpol a entériné le mandat d'arrêt. L'organisation a envoyé un avis à ses 187 pays membres pour leur demander de «rechercher, localiser et arrêter de façon provisoire» les sept fugitifs, peut-on lire dans un communiqué par le quartier général d'Interpol à Lyon, en France.

Au moment de mettre en ligne, les autorités canadiennes ne semblaient pas avoir arrêté Belhassen Trabelsi. Selon une source non vérifiée citée par TVA Nouvelles, le richissime homme d'affaire pourrait se trouver dans un hôtel de Vaudreuil-Dorion avec sa femme et ses quatre enfants depuis leur arrivée à Montréal, la semaine dernière.

La GRC a indiqué que le message diffusé par Interpol ne lui permettait pas d'agir dans cette affaire, puisqu'il ne constituait pas un mandat d'arrêt en vertu du droit canadien.  La GRC «ne pourra s'impliquer qu'après avoir reçu une demande officielle d'enquête par l'entremise du réseau Interpol ou d'autres voies officielles», a-t-on indiqué dans un communiqué.

Mercredi soir, rien ne laissait présager la présence des proches de Ben Ali au Château Vaudreuil, un chic établissement situé en bordure de l'autoroute 40. Une responsable de l'hôtel a nié que Belhassen Trabelsi et sa famille y séjournent. En fin d'après-midi, le propriétaire de l'hôtel a ordonné aux journalistes de quitter son établissement en menaçant d'appeler la police.

Des patrouilleurs de la Sûreté du Québec se sont d'ailleurs présentés sur les lieux vers 17h. Deux heures plus tard, ils étaient toujours à l'intérieur. «Nous sommes ici parce que nous avons reçu une demande d'assistance de l'hôtel», a indiqué la porte-parole de la SQ, Geneviève Bruneau.

Quelque membres de la communauté tunisienne avaient également annoncé leur intention d'aller manifester devant l'établissement tard en soirée.

Une arrestation prochaine?

L'arrestation de Belhassen Trabesli pourrait être imminente, selon Stéphane Beaulac, professeur de droit international public à l'Université de Montréal. «Comme le mandat d'arrêt est entériné par Interpol, les autorités canadiennes devraient collaborer», a-t-il dit.

Son arrestation n'aboutirait pas nécessairement à l'extradition, précise Stéphane Beaulac. Le Canada et la Tunisie ne sont pas liés par un traité d'extradition des personnes recherchées. Le ministre des Affaires étrangères, à qui revient la décision, devra donc juger du cas individuel.

«Habituellement, quand les accusations sont empreintes de considérations politiques, il est rare que l'on extrade les personnes recherchées», a indiqué M. Beaulac. Ottawa devrait aussi tenir compte des relations commerciales et diplomatiques avec la Tunisie.

Advenant son extradition, Belhassen Trabelsi pourrait contester la décision auprès de la Cour fédérale, ajoute Stéphane Beaulac. Sa famille et lui détiennent le statut de résident permanent au Canada.

Acquisition illégale

Les sept personnes qui font l'objet d'un mandat d'arrêt international font face à des accusations relatives l' «acquisition illégale de biens mobiliers et de transferts illicites de devises à l'étranger», a précisé Interpol dans son communiqué.

L'organisation n'a pas dévoilé l'identité des fugitifs. Le ministre tunisien de la Justice, Lazhar Karoui Chebbi, a indiqué que  la femme de Ben Ali, Leïla Trabelsi, et le frère aîné de cette dernière, Belhassen Trabelsi, étaient visés par l'enquête. Trabelsi est souvent décrit comme le «parrain» de la belle-famille du dicateur et a été mêlé à plusieurs histoires de corruption dans son pays.

Le gendre de Ben Ali, Sakhr El Materi, qui possède une somptueuse maison à Westmount, est lui aussi recherché dans cette affaire.

- Avec la collaboration de Hugo De Grandpré

Photo archives AP

Le couple Ben Ali est maintenant dans la mire d'Interpol.