En butte à des cyber-attaques, WikiLeaks, le site spécialisé dans la publication de documents secrets, incite à la création de «sites miroirs» qui répliquent son contenu sur la toile et a entrepris la diffusion de versions cryptées des documents en sa possession.

«WikiLeaks est actuellement victime d'importantes attaques. Pour qu'il soit impossible de supprimer complètement WikiLeaks d'internet, nous avons besoin de votre aide», indique l'organisation sur son site.

Le site demande aux internautes le soutenant et possédant un serveur internet «d'allouer une partie de vos ressources d'hébergement à WikiLeaks», avec une page mode d'emploi pour créer de tels «mirroirs» qui recopient à l'identique son contenu, garantissant ainsi la permanence des mémos diplomatiques américains sur le web.

Lundi, WikiLeaks répertoriait (liste à jour dimanche à 15h43, heure de Montréal) 208 sites mirroirs.

Le phénomène est connu sous le nom «d'effet Barbra Streisand», explique Jean-Marc Manach, journaliste français spécialiste des questions de surveillance et de liberté sur le net.

«Il y a quelques années, un photographe avait pris en photo une des maisons de l'artiste. Elle avait porté plainte pour atteinte au droit à l'image et demandé à ce que la photo soit retirée du net. Des centaines de personnes ont recopié la photo sur leur site. Depuis, on surnomme +effet Barbra Streisand+ la diffusion à grande échelle d'une information ou de documents faisant l'objet d'une tentative de censure», poursuit-il.

WikiLeaks, qui a publié ces derniers mois des documents secrets sur les guerres en Irak et en Afghanistan et dévoile au compte-gouttes depuis une semaine des télégrammes diplomatiques américains, s'est attiré les foudres de nombreux pays, États-Unis en tête.

Son site est victime depuis plusieurs jours de cyber-attaques, qui ont bloqué à plusieurs reprises tout accès et l'ont contraint à trouver de nouvelles adresses internet, dont certaines ont été à leur tour victimes d'attaques de type «déni de service», généralement en saturant le serveur visé de demandes.

Autre mesure de précaution, WikiLeaks a entrepris de dupliquer la totalité des câbles diplomatiques en sa possession - plus de 250 000 selon le site - dans un fichier baptisé «assurance.aes256» de 1,5 gigabit, protégé par une clé à 256 bits, les plus puissantes. Fichier disponible sur certains sites, comme thepiratebay.org.

«Les archives du Cablegate ont été disséminées, ainsi que des documents significatifs des États-Unis et d'autre pays, à plus de 100 000 personnes sous forme cryptée. Si quelque chose nous arrive les parties clé seront automatiquement rendues publiques. De plus, les archives du Cablegate sont entre les mains de nombreux médias. L'Histoire vaincra. Le monde sera un meilleur endroit», a expliqué Julian Assange à propos de cette «assurance», s'exprimant en ligne via le Guardian, un des journaux associés à WikiLeaks.

M. Assange lui-même est traqué par la police, objet d'un mandat d'arrêt dans une affaire de viol en Suède. La figure publique de WikiLeaks, un Australien de 39 ans, se trouverait en Grande-Bretagne. Un de ses avocats britanniques a dénoncé «des motivations politiques» à ces poursuites.

WikiLeaks a en tout cas sur la page «soutien» de son site un «fonds pour la défense de Julian Assange et d'autres personnels de WikiLeaks», auquel les internautes sont appelés à faire des donations, sur un compte ouvert au nom d'«Assange Julian Paul, Genève» à Postfinance, la filiale bancaire de la Poste suisse.

Postfinance a annoncé lundi avoir fermé ce compte, en raison de «fausses indications sur son lieu de domicile».

WikiLeaks appelle également aux dons directement pour le fonctionnement du site, via deux autres comptes en Islande et en Allemagne, ou à une adresse postale australienne.