Les partisans de Julian Assange se mobilisaient mercredi dans l'espoir d'obtenir la libération du fondateur de WikiLeaks emprisonné mardi à Londres, tandis que le site poursuivait sans mollir la diffusion de documents diplomatiques américains.

Les partisans ont reçu un soutien de poids en la personne de l'avocat Geoffrey Robertson, qui a accepté de représenter le fondateur de WikiLeaks. Ce champion de la défense des droits de l'homme a notamment défendu Salman Rushdie, écrivain cible d'une fatwa des autorités religieuses iraniennes.

Une autre contre-attaque semblait également en cours. Quelques heures après l'arrestation d'Assange en vertu d'un mandat d'arrêt pour viol et agression sexuelle en Suède, le site internet du parquet suédois a été victime d'une cyber-attaque.

Mercredi, c'était au tour du site internet et des courriers électroniques de l'avocat des deux Suédoises à l'origine de la plainte pour «viol et agression sexuelle».

Un groupe de pirates informatiques, «Anonymous», a en outre lancé mercredi une vaste attaque coordonnée contre les sites internet d'entreprises ayant privé WikiLeaks de leurs services financiers, notamment pour récolter des dons.

Baptisée «Opération Riposte», cette attaque a rendu inaccessible pendant plusieurs heures le site de l'émetteur de cartes de crédit Visa, tandis que celui de son concurrent Mastercard a été perturbé.

Le site de Sarah Palin, figure des ultra-conservateurs américains, a également été visé. Elle avait déclaré que M. Assange avait du «sang sur les mains».

«Anonymous» a promis de s'en prendre à tous ceux qui auraient des «visées anti-WikiLeaks», lors d'une discussion en ligne avec l'AFP.

Julian Assange --qui clame son innocence-- passait une deuxième nuit dans une prison londonienne mercredi, après s'être vu refuser par la justice britannique sa demande de libération conditionnelle.

Il a été placé en détention provisoire jusqu'au 14 décembre, date d'une nouvelle audience au cours de laquelle ses avocats ont promis de renouveler leur demande de remise en liberté.

Une procédure d'extradition peut prendre plusieurs mois avant de devenir effective, en raison des multiples recours possibles.

Plus que jamais mobilisés, les partisans du fondateur de WikiLeaks crient à la «machination», estimant qu'Assange paie le prix de la divulgation par son site de milliers de documents secrets américains, qui ont provoqué un véritable séisme diplomatique dans le monde.

Les partisans d'Assange craignent avant tout que la Suède ou la Grande-Bretagne ne finissent par le remettre aux Etats-Unis, où il fait figure d'ennemi public numéro un.

Le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, a cependant assuré mercredi qu'il n'y avait pas eu de contacts entre son pays et les Etats-Unis sur une éventuelle extradition de Julian Assange, citoyen australien.

L'avocat des victimes présumées de Julian Assange a affirmé que l'affaire de viol n'avait «rien à voir» avec WikiLeaks.

Le ministre australien des Affaires étrangères, Kevin Rudd, a quant à lui estimé que «le fond du problème, c'était la protection par les Etats-Unis de leurs propres communications diplomatiques» et non l'existence de WikiLeaks.

Malgré l'incarcération d'Assange, sa petite équipe de collaborateurs, qui se dit forte d'environ «800 volontaires», a promis que «tout ça va continuer comme jamais».

Mercredi, les fuites embarrassantes se sont d'ailleurs poursuivies, avec la divulgation des menaces proférées l'an dernier par la Libye contre la Grande-Bretagne si elle laissait mourir en prison l'auteur de l'attentat de Lockerbie ou la description de fêtes privées arrosées en Arabie saoudite.

L'emprisonnement d'Assange «n'affecte pas le projet de l'organisation de poursuivre la diffusion des câbles dans le court terme», a affirmé à l'AFP le porte-parole de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson.