La multinationale Pfizer a embauché des enquêteurs privés chargés de trouver des informations incriminantes sur le ministre de la Justice du Nigeria, qui poursuivait le géant pharmaceutique pour 75 millions de dollars.

C'est ce que révèlent plus les récents câbles diplomatiques obtenus par WikiLeaks, et rendus publics hier soir par The Guardian.

Pfizer, plus importante société pharmaceutique du monde, est poursuivie par le Nigeria, qui accuse l'entreprise américaine d'avoir bâclé des tests de son antibiotique Trovan effectués sur des enfants atteints de méningite dans le nord du pays, en 1996.

Pfizer a conclu une entente l'an dernier avec le gouvernement du Nigeria pour payer une somme de 75 millions. Or, les câbles diplomatiques révèlent que l'entreprise cherche à trouver des informations incriminantes sur le ministre de la Justice afin d'éviter de payer cette somme.

Une des notes, datée du 9 avril 2009, cite le patron de Pfizer au Nigeria, Enrico Liggeri: «Selon Liggeri, Pfizer a embauché des enquêteurs pour trouver des preuves de corruption du ministre fédéral de la Justice, Michael Aondoakaa, et le mettre dans l'embarras afin de le forcer à laisser tomber les accusations. Liggeri a dit que Pfizer transmettait l'information aux médias locaux.»

L'affaire concerne l'utilisation par Pfizer d'un médicament non testé, le Trovan, sur 100 enfants atteints de la méningite lors d'une importante épidémie au Nigeria. Le gouvernement allègue que l'entreprise n'avait pas l'autorisation des parents et des autorités.

Révélée en 2000 par le Washington Post, cette affaire a poussé le gouvernement à poursuivre Pfizer. Le Trovan a depuis été retiré de la circulation en raison de ses effets dangereux, et potentiellement fatals, sur les reins des patients.

- Avec The Guardian