Des manifestants ont défilé dans les rues de Montréal, samedi après-midi, en appui au site Internet WikiLeaks.

Au cours des dernières semaines, WikiLeaks a diffusé des fragments d'informations en provenance de plus de 25 000 câbles diplomatiques secrets du département d'État américain issus de partout dans le monde.

Scandant des slogans comme «l'information devrait être libre» et «à bas la censure», environ 100 personnes ont circulé dans le centre-ville avant de s'arrêter devant le consulat américain.

La métropole québécoise est l'une des villes où des citoyens se sont rassemblés pour protester contre la fermeture du site et contre les tentatives de supprimer son financement.

Des marches similaires étaient aussi prévues à Olympia, dans l'État américain de Washington, à Dublin, en Irlande, et à La Haye, aux Pays-Bas.

Selon Nadim Kobeissi, l'organisateur de la marche de Montréal, les autorités tentent de réduire le débit de la libre circulation des informations en ligne.

Pour lui, si Internet demeurait comme il est aujourd'hui, cela causerait d'importants changements politiques, où tous auraient équitablement accès à l'information.

«Cela mènerait à de l'imputabilité politique et à un partage des savoirs sans précédent», a-t-il ajouté.

M. Kobeissi, un défenseur autoproclamé de la liberté sur Internet, a créé un site miroir pour WikiLeaks qui copie les documents qui ne sont plus accessibles sur le site original.

Près de 2000 de ces sites ont été créés depuis que WikiLeaks a été fermé.

Bruno Joyal, un étudiant en mathématiques à l'Université Concordia, a déclaré être inquiet qu'un dangereux précédent soit instauré si WikiLeaks disparraissait.

«Nous sommes dans une situation où les États-Unis voudraient s'assurer que les documents secrets ayant été coulés ne puissent être publiés», a lancé M. Joyal en ajoutant qu'il était extrêmement important que la presse soit en mesure de publier de tels documents.

Les manifestants ont également appelé à la libération de Bradley Manning, le soldat américain accusé d'avoir dérobé des documents contenant des échanges jugés confidentiels et délicats et de les avoir remis à WikiLeaks.

Ces documents, publiés en coopération avec plusieurs organisations médiatiques importantes, révèlent des discussions privées entre des diplomates et offrent parfois des descriptions peu flatteuses de chefs d'État étrangers, allant d'alliés américains comme l'Allemagne et l'Italie à d'autres nations comme la Lybie, l'Iran et l'Afghanistan.

Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a été libéré sous caution jeudi.

Il sera confiné au manoir d'un sympathisant, mais il est libre de se remettre au travail sur son site web, tandis qu'il combat une tentative suédoise pour l'extrader, en raison d'allégations de viol et d'agression.

Prenant la parole samedi à l'extérieur de sa résidence du sud de l'Angleterre, M. Assange a qualifié l'affaire en Suède de «parodie». Il a également affirmé que des personnes travaillant pour WikiLeaks et lui-même faisaient face à des risques importants.

«Ma vie est menacée, et mes collaborateurs sont menacés», a-t-il dit, sans ajouter de détails.