Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, a entamé mercredi devant la Cour suprême de Londres la dernière manche d'un combat de plus d'un an devant la justice britannique contre son extradition vers la Suède, où il est accusé de viol et d'agressions sexuelles.

L'Australien de 40 ans à la chevelure blanche, vêtu d'un costume sombre, est arrivé à la Cour suprême au milieu d'une cohue de journalistes et de dizaines de partisans proclamant: «Il faut le libérer».

Julian Assange s'est ensuite assis dans la salle d'audience derrière son avocate, Dinah Rose, qui a d'emblée posé les termes du débat, devant les sept juges chargés d'examiner jusqu'à jeudi son appel contre son extradition.

«Cet appel se base sur une question de droit qui peut être très simplement résumée: un procureur suédois dispose-t-il d'une autorité judiciaire en ce qui concerne un acte d'extradition?», a interrogé l'avocate.

Elle a affirmé que l'émission du mandat d'arrêt européen contre son client par un procureur agissant au nom de l'État suédois n'offrait aucune garantie d'«indépendance et d'impartialité» et portait «gravement atteinte à la liberté individuelle».

L'audience devant la plus haute juridiction britannique doit durer jusqu'à jeudi et une décision n'est pas attendue avant plusieurs semaines.

Le fondateur de WikiLeaks, arrêté en décembre 2010 à Londres à la suite du mandat d'arrêt émis par Stockholm, est depuis assigné à résidence en Grande-Bretagne.

Accusé de viol et d'agressions sexuelles par deux femmes en Suède en août 2010, il conteste le caractère non consenti de ces relations et se dit victime d'un complot politique ourdi par Washington.

Selon lui, Washington agirait en représailles à la publication par WikiLeaks en 2010 de dizaines de milliers de documents militaires secrets sur l'Irak et l'Afghanistan, et de télégrammes diplomatiques américains.

Depuis son arrestation, le patron de WikiLeaks a comparu à une dizaine de reprises devant les tribunaux britanniques pour tenter d'enrayer la mécanique judiciaire.

Le 24 février 2011, la justice britannique avait donné son feu vert à son extradition, une décision confirmée en novembre en appel par la Haute Cour.

Cet appel devant la Cour Suprême constitue donc sa dernière chance devant la justice britannique. S'il est débouté, un ultime recours est cependant possible devant la Cour européenne des droits de l'homme à Strasbourg, en France.

Cette dernière aura 14 jours pour accepter ou refuser le dossier, selon le parquet britannique. Si elle accepte de traiter la requête d'Assange, l'extradition sera suspendue et son assignation à résidence continuera de s'appliquer, dans l'attente de la décision sur le fond des juges de Strasbourg.

Si la Cour européenne rejette l'examen du cas, Julian Assange sera extradé vers la Suède dans les meilleurs délais.

Le patron de WikiLeaks, qui a connu une année difficile en 2011 entre ses déboires judiciaires et les ennuis financiers de son site, contraint à suspendre ses diffusions, n'a toutefois pas encore dit son dernier mot.

Il a annoncé récemment qu'il allait animer une série d'émissions télévisées, auxquelles seraient invités «des acteurs politiques majeurs, des penseurs et des révolutionnaires du monde entier». La chaîne russe pro-Kremlin RT a annoncé qu'elle diffuserait ces émissions à partir de mars.