Vladimir Poutine a été officiellement proclamé élu au premier tour de la présidentielle russe avec 63,6% des suffrages par la commission électorale centrale mercredi.

«Le candidat Vladimir Poutine a obtenu le plus de voix», a déclaré le chef adjoint de la commission électorale Stanislav Vavilov, selon la retransmission de la télévision Rossia-24.

Le communiste Guennadi Ziouganov arrive en deuxième position avec 17,18% des voix, le milliardaire Mikhaïl Prokhorov obtient 7,98%, le populiste Vladimir Jirinovski 6,22% et le centriste Sergueï Mironov 3,85%, selon les chiffres de la commission.

La participation a été de 65,34%, selon la même source.

Vladimir Poutine en a profité pour balayer du revers de la main aujourd'hui la contestation de son élection à la présidence russe, invitant ses détracteurs à écouter «la voix du peuple», après qu'une ligue d'opposition a qualifié le scrutin d'«insulte» à la Russie, dénonçant des fraudes massives.

«On dit que le pouvoir doit écouter ce que dit la voix du peuple. L'opposition aussi doit écouter cette voix», a déclaré le premier ministre, qui a déjà été président de 2000 à 2008 et est resté jusqu'à présent l'homme fort du pays.

«Crier au loup (...) ce n'est pas suffisant», a poursuivi M. Poutine. «Ils (les opposants) deviendront une vraie force politique quand (...) ils seront en mesure de formuler non seulement des exigences, mais aussi des propositions pour le développement du pays», a-t-il conclu.

La Ligue des électeurs, fondée à l'initiative d'un groupe de personnalités des médias, de la culture et d'associations pour observer le déroulement de la présidentielle, a déclaré mercredi ne pas reconnaître les résultats du scrutin, affirmant que le score réel de M. Poutine était de 53%.

«Le 4 mars a été une insulte pour la société; les institutions de la présidence, du système électoral et du pouvoir russe dans son ensemble ont été discréditées», a déclaré la ligue dans un communiqué.

Elle dénonce notamment les inégalités entre les candidats pendant la campagne, Vladimir Poutine ayant, selon l'organisation, bénéficié des «énormes» ressources de l'appareil d'État, et de fraudes au moment du comptage des voix.

Le déroulement de l'élection a été critiqué lundi par la mission d'observation de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Après les législatives de décembre, remportées par le parti au pouvoir Russie unie, et marquées par la dénonciation de vastes fraudes, l'opposition a rassemblé à plusieurs reprises des dizaines de milliers de manifestants à Moscou, et des milliers dans le reste du pays.

La manifestation de lundi, ainsi qu'une autre à Saint-Pétersbourg, ont cependant été suivies par des centaines d'interpellations, qui ont tranché avec la relative tolérance du pouvoir à l'égard de la contestation ces derniers mois.

Des artistes, dont le cinéaste Alexandre Sokourov, ont qualifié de «honte» ces interpellations.

«Mais où est la logique morale? Qu'ont donc fait de mal ces gens qui s'étaient rassemblés?», a-t-il déclaré à l'antenne de la radio Écho de Moscou.

L'opposition doit à nouveau se rassembler samedi. Mercredi, la mairie de Moscou lui a donné l'autorisation pour un rassemblement de 50 000 personnes sur l'avenue du Nouvel Arbat, dans le centre-ville. En  revanche, la mairie de Saint-Pétersbourg a refusé d'autoriser une marche ce jour-là le long de l'avenue Nevski, également dans le centre-ville.

ma-lap/lpt/bds