Israéliens et Palestiniens ont à nouveau étalé dimanche leurs divergences face à la proposition du Quartette de relancer les négociations de paix, sujette à des interprétations opposées, laissant peu de chance à cette initiative de voir le jour.

Israël a accueilli «favorablement» le récent communiqué du Quartette sur le Proche-Orient (États-Unis, ONU, Union européenne et Russie) appelant à la reprise des pourparlers bloqués depuis plus d'un an.

La réponse officielle du gouvernement israélien n'est pas une surprise puisque plusieurs ministres avaient déjà réagi positivement, en particulier le chef de la diplomatie, le nationaliste Avigdor Lieberman.

«Bien qu'Israël ait des réserves (...), il appelle l'Autorité palestinienne à suivre son exemple et engager des négociations directes sans tarder», plaide  dans un bref communiqué le Premier ministre Benjamin Nétanyahou, qui se prévaut de l'appui du président américain Barack Obama.

Une déclaration aussitôt rejetée par le négociateur palestinien Saëb Erakat qui a dénoncé «une manoeuvre visant à tromper la communauté internationale».

«S'il (M. Nétanyahou) accepte le communiqué du Quartette alors il doit annoncer un arrêt de la colonisation (...) et accepter le principe des frontières de 1967 parce que c'est clairement ce que demande le Quartette», a déclaré à l'AFP M. Erakat.

Dans une déclaration publiée après le dépôt le 23 septembre d'une demande d'adhésion d'un État de Palestine à l'ONU, le Quartette a proposé une relance des pourparlers avec l'objectif d'aboutir à un accord final fin 2012.

Mais les deux camps ont des interprétations divergentes quant à la teneur de cette déclaration, les Israéliens affirmant qu'elle ne stipule «aucune condition préalable» aux pourparlers tandis que les Palestiniens considèrent qu'elle comporte un appel «clair» à l'arrêt de la colonisation.

De fait, le communiqué du Quartette laisse planer des ambiguïtés.

S'il exhorte les parties «à reprendre sans délai ni condition préalable» des négociations directes, il les appelle aussi «à se garder d'actes provocateurs et réitère (leurs) obligations découlant de la Feuille de route».

La Feuille de route de 2003 exigeait à la fois «la cessation de la violence et du terrorisme» et un «gel de la colonisation» israélienne.

De même, la déclaration du Quartette fait référence au discours de Barack Obama du 20 mai dernier dans lequel le président américain se prononçait pour la première fois en faveur d'un État palestinien sur les lignes de 1967.

Pour reprendre les négociations, les Palestiniens réclament un gel de la construction en Cisjordanie et à Jérusalem-Est annexée, auquel se refusent les Israéliens, et demandent que toute discussion soit basée sur les frontières du 4 juin 1967, c'est-à-dire incluant la Cisjordanie, la bande de Gaza et Jérusalem-Est dont ils veulent faire leur capitale.

«Le Quartette doit maintenant dire clairement, après l'annonce par M. Nétanyahou de 1100 unités de logement (dans le quartier de colonisation juive de Gilo, à Jérusalem-Est, NDLR), ce qu'il entend comme termes de référence, et ensuite nous voulons que M. Nétanyahou dise qu'il accepte», a insisté samedi le le négociateur palestinien Nabil Chaath.

Le projet immobilier de Gilo à Jérusalem-Est, approuvé mardi, est mal passé auprès de la communauté internationale qui l'a unanimement condamné - jusqu'aux alliés d'Israël comme les États-Unis et l'Allemagne - au moment même où elle s'efforce de ressusciter le processus de paix.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a regretté samedi que la poursuite de la colonisation ait «donné prétexte ou raison aux Palestiniens pour refuser de se remettre à la table des négociations».

«J'ajouterai un commentaire qui n'engage peut-être que moi, pour dire que l'initiative du Quartette n'a pas réussi», a estimé M. Juppé, lors d'une conférence de presse en compagnie de son homologue italien Franco Frattini.