Une immense chaise aux couleurs des Nations unies trône toujours au milieu de Ramallah et les affiches de la campagne pour l'adhésion de la Palestine à l'organisation internationale sont encore visibles un peu partout en Cisjordanie. Près de deux mois après le dépôt de la demande pour un siège à l'ONU, un rapport qui sera rendu public aujourd'hui remet la question au premier plan, malgré l'échec annoncé. De Jérusalem, notre journaliste fait le point sur ce débat en quatre questions.

Q Quel impact aura le rapport attendu aujourd'hui?

R Le Comité des admissions a été chargé d'étudier la demande d'adhésion de la Palestine comme membre à part entière à l'ONU, déposée le 23 septembre dernier. Il doit remettre son rapport au Conseil de sécurité aujourd'hui. Cet organe de l'ONU, composé de 15 membres, est le seul qui peut faire une recommandation à l'Assemblée générale sur l'adhésion d'un nouveau membre, étape nécessaire à la tenue d'un vote sur la question. Même s'ils savent depuis plusieurs semaines que les États-Unis, qui disposent d'un droit de veto, s'opposent à leur demande, les Palestiniens attendaient les conclusions du rapport avant d'annoncer leurs intentions suivantes. Ils devront décider notamment s'ils vont jusqu'au bout de leur démarche au Conseil de sécurité avec une demande de vote pour une recommandation. Jusqu'à récemment, les Palestiniens espéraient toujours obtenir une victoire symbolique en récoltant l'appui de neuf pays, ce qui aurait placé Washington dans une position délicate que les diplomates préféraient éviter. Or, il semble que les Palestiniens obtiendraient un maximum de huit voix favorables en cas de vote. Un projet du rapport qui a circulé dans les médias confirme l'absence de consensus entre les pays.

Q Est-ce que les Palestiniens ont une solution de rechange?

R Les Palestiniens ont maintenant un statut d'entité observatrice non membre à l'ONU. Faute de pouvoir solliciter un siège de membre à part entière, les Palestiniens pourraient se rabattre sur un nouveau statut rehaussé, celui d'État observateur non membre. Une majorité simple est requise, sans possibilité de veto. Ce nouveau statut pourrait permettre aux Palestiniens de se joindre à différentes organisations internationales, notamment à la Cour internationale de justice. Le ministre des Affaires étrangères de l'Autorité palestinienne a cependant déclaré, la semaine dernière, que les Palestiniens ne se contenteraient de «rien de moins» qu'un statut de membre à part entière des Nations unies. Des analystes ont mis en doute une telle décision. «Ça ressemble à un coup tactique», a dit l'analyste George Giacaman à Reuters.

Q La Palestine pourrait-elle se joindre à d'autres agences onusiennes?

R Après leur victoire à l'UNESCO, la possibilité de voir les Palestiniens tenter leur chance dans plusieurs agences de l'ONU a été évoquée. Les dirigeants palestiniens ont cependant dit vouloir se concentrer uniquement sur leur demande à l'ONU pour l'instant. Après l'adhésion de la Palestine à l'UNESCO, les États-Unis ont annoncé la suspension de leur participation financière à l'organisme.

Q Quelles seront les conséquences politiques pour l'Autorité palestinienne?

R Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a soulevé dernièrement la question de l'avenir de l'Autorité palestinienne, laissant planer la menace de dissoudre l'entité gouvernementale en cas de statu quo. Environ le tiers des Palestiniens aimerait voir l'Autorité palestinienne dissoute si la demande d'adhésion à l'ONU échouait, selon un sondage mené la semaine dernière par le Centre palestinien pour l'opinion publique. «Je ne crois pas que les Palestiniens sont vraiment prêts pour cette option, mais les choses évoluent rapidement», signale Nabil Kukali, qui a réalisé le sondage. L'option aurait de graves conséquences en Cisjordanie, paralysant les services publics. «Ça pourrait être la dernière solution, mais ce n'est pas impossible», croit l'analyste politique Ziad Abu-Zayyad. Ce n'est cependant pas la première fois que l'option est évoquée.