On sait désormais qui est l'accusatrice de Dominique Strauss-Kahn. Il s'agit de Nafissatou Diallo, mère célibataire d'origine guinéenne de 32 ans, que son employeur considère comme une employée modèle. Mais le patron du FMI pourrait tenter de faire valoir que la femme de chambre a consenti à avoir un rapport sexuel avec lui, un scénario qui indigne le frère de la plaignante.

Aux yeux de la direction de l'hôtel Sofitel de New York, où elle travaille comme femme de chambre depuis trois ans, l'accusatrice est une employée modèle dont le travail et le comportement lui ont valu une note de 4,5 sur 5 lors de sa dernière évaluation.

Mais la vie sage et rangée de cette mère célibataire de 32 ans a basculé vers midi, samedi, lorsque Dominique Strauss-Kahn l'aurait agressée sexuellement dans la suite no 2806 - ce que nie le directeur général du Fonds monétaire international.

Et la suite promet d'être aussi éprouvante pour l'immigrée guinéenne, qui vit dans le Bronx avec sa fille adolescente, Dana. Car Dominique Strauss-Kahn pourrait bien tenter de faire valoir qu'elle a consenti à avoir un rapport sexuel avec lui. C'est du moins ce qu'a laissé entendre au New York Post une source proche de Benjamin Brafman, avocat new-yorkais de l'ancien ministre français de l'Économie.

Fort de cette information, le tabloïd a publié hier à la une un titre sans équivoque accompagné d'une photo de DSK lors de sa comparution, la veille, au tribunal pénal de New York: «Il a eu une relation sexuelle avec la femme de chambre.»

Dans un article publié sur son site internet hier, le New York Times a également évoqué la possibilité que DSK invoque un rapport consensuel.

Le frère de la plaignante, qui gère un restaurant à Harlem, s'est cependant indigné quand un journaliste a suggéré que sa soeur avait peut-être affabulé ou participé à un coup monté contre un candidat potentiel à la présidentielle française de 2012.

«Ma soeur est très gentille, elle est incapable de cela», a déclaré l'homme de 42 ans au quotidien britannique Daily Mail.

Selon lui, sa soeur ne connaissait pas Dominique Strauss-Kahn, même si la photo de ce dernier était affichée dans un local du Sofitel destiné au personnel, pour l'informer de la présence de ce VIP.

Patrons, collègues et voisins ont décrit la plaignante, qui se fait appeler Ophelia, comme une femme travailleuse, calme et pieuse (elle est musulmane). Son avocat, Jeff Shapiro, a affirmé hier qu'elle vivait un traumatisme «extraordinaire».

«Le monde est sens dessus dessous, pour elle, a déclaré Me Shapiro sur la chaîne CNN. Depuis que c'est arrivé, elle n'a pas pu rentrer chez elle. Elle ne peut pas retourner travailler et elle n'a aucune idée de ce que l'avenir lui réserve.»

Dominique Strauss-Kahn, de son côté, a passé hier sa deuxième nuit à la prison de Rikers Island, où il a été placé en détention après sa comparution devant la juge du tribunal pénal de New York Melissa Jackson, qui a refusé de le libérer sous caution.

Il comparaîtra vendredi devant un autre tribunal de première instance, où il se fera signifier officiellement son inculpation. C'est alors qu'il devra plaider coupable ou non coupable. Ses avocats devraient quant à eux profiter de l'occasion pour interjeter appel de la décision de l'incarcérer.

Dominique Strauss-Kahn fait l'objet de sept chefs d'accusation, dont acte sexuel criminel, tentative de viol et séquestration. L'acte sexuel criminel fait référence à une fellation forcée.