La femme de chambre guinéenne qui accuse Dominique Strauss-Kahn de l'avoir agressée sexuellement a lancé une offensive médiatique pour faire emprisonner l'ancien directeur du FMI et laver son honneur après que sa crédibilité eut été mise en cause.

Après avoir strictement fui les médias depuis plus de deux mois, la victime présumée a livré au magazine Newsweek sa version de l'agression qu'elle dit avoir subie à New York.

«A cause de lui, on me traite de prostituée», a-t-elle déclaré, sortant de sa réserve après que sa crédibilité eut été mise en cause.

«Je veux qu'il aille en prison. Je veux qu'il sache qu'il y a des endroits où on ne peut pas utiliser son pouvoir, où on ne peut pas utiliser son argent», a ajouté la jeune femme guinéenne.

Lundi matin, son témoignage doit également être diffusé par l'émission Good Morning America de la chaîne de télévision ABC.

Cette apparition aura lieu exactement une semaine avant l'audience du 1er août au cours de laquelle DSK, inculpé de sept chefs d'accusation dont agression sexuelle et tentative de viol, doit de nouveau comparaître devant un tribunal de New York.

«Je veux la justice. Je veux qu'il aille en prison», a-t-elle déclaré à ABC, selon des extraits diffusés en avance par la chaîne. «Dieu est témoin: je dis la vérité. Avec mon coeur. Dieu le sait. Et (DSK) le sait», a dit la femme de 32 ans.

Elle a reconnu sur ABC avoir commis «des erreurs», tout en assurant que sa version des faits n'a jamais changé depuis le 14 mai et son agression présumée dans une suite présidentielle de l'hôtel Sofitel de New York.

«J'ai dit (aux enquêteurs) ce que cet homme m'a fait. Ça n'a jamais changé. Je sais ce que cet homme m'a fait», a-t-elle déclaré à Newsweek.

Elle a raconté qu'en entrant dans la suite, elle a dit: «Bonjour, service de chambre». Un «homme fou», nu et à la chevelure grise est alors apparu, a-t-elle dit.

Alors qu'elle se confondait en excuses, et voulait quitter la chambre, DSK lui aurait dit «Vous n'avez pas à être désolé», a-t-elle affirmé à Newsweek.

L'ex-patron du FMI aurait alors agrippé sa poitrine et claqué la porte de la suite. La femme de ménage livre ensuite au magazine un récit en termes crus de ce qui se serait passé, selon elle, dans la suite.

«Enflammer l'opinion publique»

Immédiatement, les avocats de Dominique Strauss-Kahn sont montés au créneau, déclarant que l'accusatrice cherchait à «enflammer l'opinion publique».

«Ce comportement de la part d'avocats est non-professionnel et viole les règles fondamentales du comportement professionnel des avocats», ont affirmé dans un communiqué les défenseurs de DSK, William Taylor et Benjamin Brafman.

Selon eux, «le but évident de ce comportement est d'enflammer l'opinion publique contre un accusé dans une affaire criminelle en cours».

Mes Taylor et Brafman ont accusé les conseils de la femme de chambre d'avoir «orchestré un nombre sans précédent d'événements médiatiques et de rassemblements pour exercer une pression sur les services du procureur dans  cette affaire».

«Ses avocats savent que les demandes d'argent (de la femme de chambre dans un futur procès au civil) subiront un coup fatal lorsque les charges criminelles (contre Dominique Strauss-Kahn) seront abandonnées comme elles doivent l'être», affirment encore Mes Taylor et Brafman.

La justice américaine a décidé le 1er juillet de libérer Dominique Strauss-Kahn sur parole, mais sans abandonner les poursuites pour crimes sexuels contre l'ancien chef du FMI, faisant état de récit erroné de la femme de chambre.

L'ancien favori de l'élection présidentielle française plaide non coupable des chefs d'accusation contre lui.

L'offensive de la femme de chambre guinéenne intervient alors que le New York Times rapportait samedi que le procureur qui poursuit DSK aux États-Unis allait probablement demander aux autorités françaises l'autorisation d'interroger Tristane Banon. Cette jeune femme a porté plainte en France contre l'ex-ministre socialiste pour une tentative de viol qui aurait eu lieu en 2003.

L'avocat de cette dernière, Me David Koubbi, a rencontré mardi à New York le défenseur de la femme de chambre et le procureur chargé de l'affaire, Cyrus Vance.