Deux juges new-yorkais ont mis fin mardi au «cauchemar» américain de Dominique Strauss-Kahn, qui peut désormais rentrer en France avec ce qu'il lui reste de sa réputation.

Le premier juge a levé les poursuites contre DSK pour crimes sexuels, accédant ainsi à la demande du procureur de New York, qui avait soulevé la veille de graves doutes sur la crédibilité de l'accusatrice de l'ancien directeur du FMI, Nafissatou Diallo, une femme de chambre du Sofitel de New York.

Le deuxième a rejeté l'appel de l'avocat de la plaignante, Kenneth Thompson, concernant la nomination d'un procureur spécial qui aurait remplacé le procureur de New York, Cyrus Vance.

Peu après la décision du premier juge, Michael Obus, un Dominique Strauss-Kahn soulagé s'est adressé pour la première fois à la presse depuis son arrestation, le 14 mai dernier.

«C'est la fin d'une épreuve terrible et injuste», a-t-il déclaré devant sa résidence de TriBeCa, dans le sud de Manhattan.

«J'ai hâte de rentrer dans mon pays, mais j'ai encore quelques petites choses à faire avant de partir et je m'exprimerai plus longuement quand je serai de retour.»

Dans un communiqué diffusé avant cette déclaration, il a qualifié les derniers mois de «cauchemar» pour sa famille et lui et exprimé sa reconnaissance envers ses amis et supporters «qui ont cru à [son] innocence» ainsi qu'à sa femme et sa famille «qui ont traversé cette épreuve» à ses côtés.

Présente au tribunal, Anne Sinclair, la femme de DSK, a esquissé un large sourire en entendant le juge Obus déclarer qu'il ne voyait «aucune raison de refuser» la demande de non-lieu. Durant l'audience de 15 minutes, elle a également pu entendre les cris lancés par les partisans de la plaignante réunis à l'extérieur du tribunal. «DSK, honte à toi!», ont scandé ces derniers en brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait notamment lire «Nafissatou, on te croit».

Contradictions

La femme de chambre d'origine guinéenne accuse DSK de l'avoir contrainte à lui faire une fellation dans une suite du Sofitel le 14 mai. Selon le procureur de New York, les preuves physiques et scientifiques et d'autres indices établissent que l'accusé a eu «une relation sexuelle précipitée» avec la plaignante, mais ne permettent pas d'établir de manière indépendante que leur rapport a été contraint ou consenti.

L'affaire reposait donc sur le témoignage de la plaignante, dont les déclarations contradictoires et les mensonges concernant son passé ont conduit le procureur à douter de sa capacité de convaincre les 12 jurés qui auraient été appelés à juger des faits.

L'avocat de Nafissatou Diallo a néanmoins accusé le procureur de New York d'avoir «abandonné une femme innocente» et de lui avoir «refusé le droit à la juste dans une affaire de viol».

«Si Dominique Strauss-Kahn avait été un plombier ou un chauffeur de bus du Bronx, Cyrus Vance aurait-il épluché la demande d'asile de Nafissatou Diallo?», a demandé Kenneth Thompson.

Sa cliente tentera désormais d'obtenir des dommages et intérêts dans le cadre d'une procédure civile.

DSK n'a quant à lui pas pu récupérer son passeport mardi en raison du séisme qui a entraîné la fermeture des services judiciaires. Il devrait être en mesure d'obtenir le document aujourd'hui. Selon son avocat de Washington, il passera par la capitale nationale avant de rentrer en France.