Le juge David McKeon n'est pas aussi haut en couleur ou irascible que son ancien collègue de la Cour suprême du Bronx, Burton Roberts, dont l'écrivain Tom Wolfe s'est inspiré pour créer l'un des personnages les plus mémorables de son roman Le bûcher des vanités.

Mais il lui arrive de poser des questions plutôt mordantes, voire sarcastiques, comme il l'a démontré hier après-midi lors de la première audience dans la procédure civile appelée «Nafissatou Diallo c. Dominique Strauss-Kahn».

«Vous ne diriez pas qu'il agissait dans le cadre de ses fonctions?» a demandé le juge McKeon, pince-sans-rire, à l'un des avocats de DSK, faisant ainsi allusion à l'acte sexuel auquel s'est livré l'ancien directeur général du FMI avec la femme de chambre du Sofitel de New York le 14 mai dernier.

La question touchait à la question centrale de l'audience, à savoir si Dominique Strauss-Kahn jouissait d'une «immunité absolue» au moment des faits en tant qu'ex-patron du FMI.

Le début de cette procédure civile a attiré plusieurs dizaines de journalistes dans une salle d'audience située au sixième étage d'un édifice en forme de cube, qui se dresse en plein coeur du South Bronx, à trois pâtés de maisons du Yankees Stadium et à quelques rues du domicile de la plaignante.

Pendant une heure, un des avocats de DSK a tenté de convaincre le juge McKeon de classer la plainte au civil de Nafissatou Diallo, invoquant l'immunité dont jouissait selon lui DSK aux États-Unis. La femme de chambre d'origine guinéenne veut obtenir des dommages et intérêts auprès de l'ancien favori de la présidentielle française pour l'«attaque violente et sadique» dont elle dit avoir été victime.

Juge sceptique

Le juge McKeon n'a pas caché son scepticisme face aux arguments des avocats de DSK. Il a notamment souligné que le FMI ne revendique l'immunité pour ses fonctionnaires que pour leurs «actes officiels». Et il a souligné que les États-Unis n'étaient pas signataires d'une convention de l'ONU sur laquelle les avocats de DSK appuient leur requête.

«Cette demande est une tactique pour retarder le jour où Mlle Diallo pourra témoigner devant ses pairs», a déploré Kenneth Thompson, un des avocats de la femme de chambre, après l'audience.

Le procureur de Manhattan Cyrus Vance a abandonné l'été dernier les poursuites pénales contre DSK, estimant que la crédibilité de la plaignante avait été minée par des mensonges.

Le juge McKeon a promis de répondre «promptement» à la demande des avocats de DSK.