À trois jours du 20e anniversaire des émeutes raciales qui dévastèrent Los Angeles, des centaines de personnes ont demandé durant la nuit de jeudi à vendredi dans la mégalopole californienne justice pour le jeune Noir de 17 ans Trayvon Martin, dont l'assassinat par un vigile blanc a déclenché un intense débat sur le racisme aux États-Unis.

Les parents de Trayvon, Sybrina Fulton et Tracy Martin, se sont joints à des centaines de personnes, dont des responsables communautaires et religieux, dans une église de Los Angeles pour commémorer la mort il y à deux mois, selon un photographe de l'AFP.

«Nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais ils (les parents) sont inébranlables et ont confiance en Dieu et en la justice pour leur fils», a dit Benjamin Crump, l'avocat de Sybrina et Tracy Martin, à une télévision locale.

«Que voulons-nous?, a demandé pour sa part le pasteur Al Sharpton lors du service.

«La Justice!», a répondu le public parmi lequel figurait le pasteur baptiste Jesse Jackson, célèbre militant des droits civils des Afro-Américains.

L'Association pour l'avancement des gens de couleur (NCAAP) a dit que l'objectif de ce rassemblement était de «défendre les victimes de crimes, d'éduquer les jeunes dans les techniques de résolution des conflits et de créer une conscience dans le public contre la discrimination raciale».

Les membres de l'assistance portaient des chemises sur lesquelles figuraient des images de Trayvon Martin et portaient des affiches demandant justice.

Sur l'une d'elles était inscrit: «Le lynchage américain moderne».

Le vigile de quartier George Zimmerman, qui a abattu en février en Floride Trayvon Martin, un Noir de 17 ans, a plaidé non coupable de meurtre sans préméditation, quelques heures après sa libération sous caution dénoncée par la famille de la victime.

George Zimmerman, un Blanc hispanique, «plaide non coupable des charges qui pèsent maintenant contre lui», est-il écrit dans un document qui sera présenté lors de sa mise en accusation formelle et dont l'AFP a obtenu copie.

L'accusé y indique qu'il renonce à comparaître à l'audience, fixée le 8 mai.

Ce plaidoyer de non-culpabilité intervient après la libération sous caution du tueur. Un juge avait accepté sa libération contre le paiement de 150 000 $.

Lors de l'audience de vendredi dernier, George Zimmerman s'était exprimé pour la première fois publiquement, en disant aux parents du jeune Trayvon qu'il était «désolé» de la mort de leur fils.

George Zimmerman avait échappé à la prison pendant plusieurs semaines après le meurtre, la police l'ayant brièvement arrêté puis relâché la nuit des faits, provoquant une vague d'indignation à travers le pays. Le président Barack Obama avait exprimé sa vive émotion.

Les émeutes meurtrières, qui avaient éclaté le 29 avril 1992, à Los Angeles et avaient mis la mégalopole à feu et à sang, reste d'une brûlante actualité dans une ville empreinte d'inégalités raciales et sociales.

L'Afro-Américain Rodney King avait 26 ans quand il fut brutalement frappé par quatre policiers blancs, devant la caméra d'un vidéaste amateur. Un an plus tard, les quatre hommes étaient blanchis par un jury composé de dix Blancs, un Hispanique et un Asiatique, faisant descendre 100 000 personnes dans la rue pour protester contre le racisme.

La manifestation dégénéra en violences, pillages et incendies de maisons et de commerce.

Il fallut l'intervention de l'armée pour mettre fin aux violences, qui firent en quatre jours 53 morts et un milliard de dollars de dégâts.