Obama arrive. Avec, dans son sillage, des espoirs démesurés et la conviction que, désormais, tout est de nouveau possible. De quoi nous donner une féroce envie de redécouvrir «l'Amérique». Six journalistes de La Presse ont fouillé dans leurs souvenirs, parfois récents, parfois lointains. Ils partagent avec nous leurs moments de grâce à l'endroit d'un pays qui se trouve, une fois de plus, à un carrefour.

J'avais trouvé l'idée dans un guide de voyage: éplucher les petites annonces du New York Times pour trouver les visites libres des appartements qui valent plus d'un million.

 

On en a déniché un dans le Upper West Side, un quartier jet set de New York. J'étais avec ma soeur et on n'avait rien de chic à se mettre sur le dos. «Pas grave, lui ai-je dit, les gens vraiment riches s'habillent n'importe comment.»

Comme des ploucs, on a pris l'autobus pour se rendre à l'immeuble à je-ne-sais-plus combien d'étages.

On est entrées dans le hall et on s'est dirigées vers l'ascenseur. On a croisé une résidante. Elle portait un jean fatigué et un chandail avachi. On se sentait déjà un peu moins ploucs.

L'ascenseur nous a amenées au dernier étage. On a visité les quatre chambres à coucher et les trois salles de bains du penthouse. J'avais l'impression d'être plongée dans un vieux film de Woody Allen. On a eu le fou rire quand on a vu une lampe affreuse dans la salle à manger. Riches, mais pas de goût.

Le coup de foudre, je l'ai eu en visitant la terrasse: 2000 pieds carrés sur le toit de l'immeuble, ceinturée par un mur de briques, avec une vue époustouflante sur la Hudson River, les gratte-ciel et Central Park. J'ai eu New York à mes pieds pendant 15 minutes.

On a fait le tour de la terrasse, les cheveux au vent, en se donnant du «My Deeear» et en parlant, avec un accent français à couper au couteau, de nos maris diplomates qui venaient d'être mutés à New York.

Le penthouse se vendait 2,5 millions. Un peu cher, n'est-ce pas My Deeear?

On est retournées dans notre bed and breakfast à 100$ en autobus. Comme des ploucs finies.