Les États-Unis ont choisi vendredi de faire pression sur leur allié égyptien Hosni Moubarak, le président Barack Obama prenant même la parole pour réclamer des réformes politiques «concrètes» et l'arrêt des violences.

«Je veux appeler très clairement les autorités égyptiennes à s'abstenir d'utiliser la violence contre les manifestants pacifiques», a déclaré M. Obama, peu de temps après s'être entretenu par téléphone avec M. Moubarak pendant 30 minutes.

«Le peuple égyptien a des droits qui sont universels. Cela inclut le droit de se réunir pacifiquement, le droit à la liberté d'expression et à la possibilité de choisir son propre destin, cela relève des droits de l'homme», a-t-il insisté.

M. Obama a indiqué avoir demandé au président égyptien de tenir les promesses qu'il a faites dans une déclaration à ses concitoyens vendredi.

M. Moubarak est intervenu en pleine nuit à la télévision égyptienne pour annoncer des réformes démocratiques, la démission de son gouvernement et la formation dès samedi d'un nouveau cabinet.

«Je lui ai dit qu'il avait pour responsabilité de donner un sens à ces mots. Je lui ai dit de prendre des mesures concrètes pour tenir ses promesses», a assuré M. Obama.

Plus tôt dans la journée, son porte-parole Robert Gibbs avait laissé entendre que l'aide américaine à l'Égypte pourrait être remise en cause.

«Nous réexaminerons notre assistance (à l'Égypte) en fonction des événements qui auront lieu dans les prochains jours», a-t-il dit.

Le président Moubarak, au pouvoir depuis trois décennies, est le plus proche allié arabe des États-Unis. L'armée égyptienne a bénéficié l'an dernier de subventions américaines à hauteur de 1,3 milliard de dollars.

Hasard du calendrier, le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, conduisait une délégation militaire pour des entretiens au Pentagone prévus jusqu'à mercredi. Il a écourté son séjour et devait retourner en Égypte vendredi.

La chef de la diplomatie Hillary Clinton avait auparavant appelé le gouvernement égyptien à «faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre».

Elle s'exprimait après quatre jours de manifestations toujours plus violentes et imprévisibles. L'armée a été appelée par Hosni Moubarak à prêter main forte à la police.

Les protestations, selon Mme Clinton, «montrent les doléances profondes dans la société égyptienne, et le gouvernement égyptien doit comprendre que cette violence ne fera pas disparaître les doléances».

Mme Clinton a aussi demandé aux autorités de «mettre fin aux mesures sans précédent prises pour bloquer les communications», une référence à la coupure d'internet.

Pour le régime, «ce moment doit être saisi et nous espérons qu'il le sera», a-t-elle ajouté, comme pour souligner le sentiment d'urgence ressenti par l'allié américain.

Ces réactions sont les plus vives venant des États-Unis depuis le début des manifestations réclamant le départ du président égyptien.

Après une hésitation initiale mardi -quand Mme Clinton avait qualifié le régime Moubarak de «stable»-, l'administration Obama a mis l'accent avec constance sur le respect du droit de manifester et le besoin de réformes.

Mais le changement de ton vendredi signale que Washington juge désormais la situation très grave et évolutive. Toujours vendredi, le journal norvégien Aftenposten a publié des notes obtenues par WikiLeaks, selon lesquelles les États-Unis ont financé à hauteur de plusieurs dizaines de millions de dollars des organisations de promotion de la démocratie en Égypte, au grand dam du président Moubarak.