Le soulèvement égyptien continue de résonner dans les rues de Montréal. Les membres de la communauté égyptienne du Québec ont manifesté à deux reprises ce week-end pour affirmer leur soutien à leur peuple et réclamer la fin du régime d'Hosni Moubarak.

Munies de drapeaux égyptiens et de pancartes affichant le slogan «Moubarak, dégage!», une centaine de personnes se sont massées devant le consulat d'Égypte au centre-ville de Montréal, samedi et hier. Il s'agissait des troisième et quatrième manifestations organisées par la diaspora depuis le début de la révolte en Égypte, il y a une semaine. Lors des deux rassemblements, la petite foule a passionnément chanté et scandé des slogans en arabe durant des dizaines de minutes, certains manifestants allant même jusqu'à s'époumoner.

«Moment extraordinaire»

«Nous vivons un moment extraordinaire. Ce n'est pas juste un coup d'État sanglant ou une révolution politique, mais un mouvement pour la justice sociale», a déclaré en marge du rassemblement d'hier Nabil A. Malek, président de l'organisation canado-égyptienne des droits de la personne et membre de la section montréalaise de l'Association nationale pour le changement en Égypte, qui a organisé la manifestation. «Nous avons besoin maintenant de l'appui de tous les pays occidentaux comme le Canada pour soutenir une Égypte démocratique qui accepte la rotation du pouvoir. C'est dans notre intérêt d'appuyer la formation d'un gouvernement démocratique.»

«Assez, c'est assez», «Non à la Lobycratie», «Liberté, équité et respect pour le peuple égyptien», pouvait-on lire hier sur les affiches des protestataires.

Samedi, les manifestants ont scandé pendant plusieurs minutes: «No Moubarak, no Souleimane. Egypt has to be free now.» (Ni Moubarak ni Souleimane. L'Égypte doit maintenant être libre.) Vraisemblablement, ni le discours prononcé vendredi par le président égyptien ni les nominations d'un vice-président et d'un nouveau premier ministre n'ont semblé satisfaire les manifestants, au Caire comme à Montréal.

«Le régime de Moubarak doit partir en entier, a réclamé un organisateur de la manifestation de samedi, Mohamed Kamel, représentant québécois de l'Association nationale pour le changement en Égypte. Il ne faut pas juste un nouveau vice-président. C'est le même régime. Ce n'est pas acceptable que la police égyptienne fasse feu sur les Égyptiens qui manifestent dans la rue pacifiquement pour demander la démocratie. C'est un mot qui est très difficile à appliquer en Égypte.»

Un autre manifestant, Yassor Shoukry, a lui aussi dénoncé la nomination du chef des services de renseignement, Omar Souleimane, au poste de vice-président, lequel était vacant depuis l'accession d' Hosni Moubarak à la présidence en 1981. «C'est le même régime, c'est la même idéologie, a-t-il martelé. C'est la même dictature, mais avec un changement de visage. Le gars est un militaire, il n'a jamais pratiqué la politique.»