Les manifestants anti-Wall Street ont regagné mardi en fin d'après-midi en chantant le parc leur servant de quartier général à New York, dont ils avaient été expulsés la nuit précédente, mais la justice leur a interdit d'y réinstaller leurs tentes.

> Réagissez sur le blogue de Richard Hétu

Mardi en fin d'après-midi, la police a rouvert le square au public, autorisant les manifestants à revenir dans le parc qu'ils occupaient depuis le 17 septembre, tout en leur expliquant que selon un jugement rendu auparavant, ils avaient interdiction d'y camper.

«Personne ne se verra refuser l'entrée», a expliqué un policier devant l'une des barrières disposées dans la matinée tout autour du parc.

Dans le square, des centaines de manifestants ont entonné, «tous les jours, toutes les semaines, occupez Wall Street!».

«On va retourner en justice pour pouvoir réinstaller nos tentes et nos sacs de couchage. Mais cela reste une victoire», s'est réjoui Dallas Carter, un manifestant de 32 ans.

«Le square Zuccotti restera ouvert à tous ceux qui veulent en profiter à condition d'en respecter les règles», a expliqué le maire de New York dans un communiqué après la réouverture du square.

Mardi après-midi, un juge américain a confirmé l'interdiction faite aux manifestants de camper dans le square, jugeant qu'ils n'avaient pas «réussi à démontrer que le fait de rester dans le square Zuccotti relevait du Premier amendement» de la constitution américaine qui garantit la liberté d'expression.

Le juge souligne que les «tentes, équipements, générateurs et installations» des Occupy Wall Street vont à l'encontre «des droits et devoirs du propriétaire d'entretenir le parc, ou encore des droits des gens qui voudraient profiter de cet espace en toute sécurité».

Dans l'après-midi, après leur expulsion mais avant la réouverture du parc, plusieurs centaines de personnes s'étaient regroupées à proximité du square, circonscrit par la police, brandissant des pancartes et une grande banderole jaune «Occupy Wall street». La musique avait repris et la tension était perceptible entre la police et les protestataires.

Le square était immaculé, toutes les tentes et installations avaient disparu. Pendant la nuit, plus de 200 personnes ont été arrêtées, selon une estimation du commissaire de police de New York, Ray Kelly.

Occupy Wall Street (OWS), dont le mouvement a essaimé depuis septembre dans plusieurs villes américaines, a prévu une grande journée d'action jeudi à New York pour marquer le deuxième mois du mouvement, «et nous allons le faire», a affirmé Bill Dobbs.

L'expulsion du square, menée par plusieurs centaines de policiers, avait commencé un peu après 01h00 du matin.

«C'était effrayant», a raconté Jonny Cerbo, venu de Californie et qui dormait depuis deux semaines sur le square. «Nous avons eu très peu de temps pour partir, nous n'avons pas pu plier nos tentes. Et ils ont tout jeté, y compris le livres de la biobliothèque».

Vers quatre heures du matin, la plupart des campeurs avaient quitté le square. Un groupe d'irréductibles, encerclé par d'importantes forces de police, a fini par renoncer avant l'aube.

Un homme a été évacué sur un brancard, mais aucun incident grave n'a été reporté.

Des dizaines d'employés municipaux ont déversé les tentes, sacs de couchage et autre objets dans de grandes bennes. Plusieurs camions poubelles ont emporté le reste.

En deux mois, les protestataires qui dénoncent la cupidité du monde de la finance, avaient installé un vrai village de toile sur le square, avec cuisine, bibliothèque, infirmerie, et même un centre de distribution de vêtements.

Des évacuation d'autres campements similaires aux États-Unis, ont eu lieu lundi à Oakland, en Californie, et dimanche à Portland, dans l'Oregon.

Mardi, la Maison Blanche a réagi avec prudence, estimant qu'il revenait aux autorités municipales de décider du sort des manifestants anti-Wall Street.