La patience tire à sa fin: la Ville de Montréal a remis des avis écrits aux occupants du square Victoria, mercredi soir, pour leur intimer l'ordre de libérer l'espace public.

«La période de tolérance est terminée à l'endroit des campeurs», a résumé Gonzalo Nunez, porte-parole de la Ville de Montréal.

Vers 20h, alors que les indignés du mouvement Occupons Montréal étaient réunis en assemblée générale dans la station de métro sous leur campement, des policiers sont venus leur livrer le message.

«Toute construction ou installation occupant le square Victoria doit être retirée dès maintenant. Toute construction ou installation qui n'est pas retirée conformément au présent avis sera enlevée par la Ville. Il est interdit de se trouver dans le square Victoria lorsque ce dernier est fermé entre minuit et 6h», précise l'avis des autorités municipales.

On n'y trouve toutefois aucun ultimatum concernant une éventuelle expulsion forcée si les gens d'Occupons Montréal refusent de plier bagage.

Ceux-ci ont tenu une assemblée pour discuter de la question en soirée. Le ton a monté à quelques reprises et il y a eu des prises de bec, mais le désir de rester semblait généralisé.

«On a déjà décidé qu'on ne voulait pas partir après la suggestion du maire», a rappelé Benoît Godin, membre du groupe.

Pourquoi continuer à camper au centre-ville dans le froid et la neige? Parce qu'il reste trop d'injustice à dénoncer, résument les occupants.

«Parce que les structures économiques, politiques et technologiques font que l'argent qu'on fait en travaillant va à ceux qui ont déjà de l'argent. Chaque jour, il y a de plus en plus d'argent qui revient à de moins en moins de personnes», affirme Benoît Godin.

Pendant l'assemblée générale, une participante a insisté sur l'importance de demeurer au square Victoria, pour être vu par les banquiers, les gens des grandes entreprises et du Centre de commerce mondial.

Maire Tremblay

Lundi soir, le maire Gérald Tremblay a invité les membres d'Occupons Montréal à «s'en aller la tête haute», estimant que les problèmes de sécurité étaient devenus trop importants dans le campement.

Or, les occupants rencontrés mercredi prétendent que les rapports de bagarres, de tensions, de vols, de consommation de drogue et d'autres problèmes ont été exagérés, et qu'ils servent aujourd'hui de prétexte pour qu'ils aient mauvaise presse. Ils insistent pour dire que tout se passe plutôt bien, même la nuit.

«Les gens parlent beaucoup des itinérants. Regardez: il y en a un en ce moment qui lave la vaisselle. Ils sont contents, ils participent. On leur donne quelque chose», affirme Benoît Godin.

Et si la police tente de les évincer? «Si les policiers arrivent, on va essayer de leur parler», répond-il.

Un autre occupant, Paul Bode, affirme pour sa part que les intempéries n'ont pas refroidi les ardeurs des participants. «Les tentes ont tenu. Et c'était quand même le fun. Les gens ont joué dans la neige. Il fallait déneiger, et ça a réchauffé tout le monde!», conclut-il.