Quatre mois après son installation, le campement des indignés de Saint-Paul à Londres, dernier bastion majeur de ce mouvement mondial, a été démonté en quelques heures dans la nuit, mais les militants anticapitalistes ont promis mardi de poursuivre leurs actions.                

La police a interpellé 20 personnes au cours de ce démantèlement, qui s'est déroulé relativement calmement si l'on excepte quelques échauffourées entre les militants anticapitalistes et les forces de l'ordre.

Mardi matin, les dizaines de tentes multicolores qui occupaient le parvis de l'édifice religieux avaient disparu et seule une poignée de militants se trouvaient encore sur place, répondant aux interviews.

Quelques policiers gardaient le site entouré de grilles métalliques, tandis que des employés d'une entreprise de nettoyage lavaient les lieux au jet d'eau.

Un certain nombre d'occupants se sont repliés sur un autre campement, installé non loin de là, dans un square, où une soixantaine de tentes étaient dressées mardi matin.

«Nous allons bien sûr occuper encore davantage de lieux publics, mais pas de manière permanente», a assuré à l'AFP un militant, George Barda, qui estime que «ce n'est que la première étape d'un processus en faveur du changement» de la société.

«Je suis triste. Mais le travail n'est pas fini», lance un autre ex-occupant de Saint-Paul, Paul Randle-Jollife, 51 ans, qui porte un badge «Ma tente, c'est pour votre bonus», une allusion aux gratifications des banquiers.

Les autorités ont «démantelé un camp et déplacé une petite communauté, mais elles ne feront pas dérailler le mouvement», assure le site internet d'«Occupy London Stock Exchange», dont les militants devaient se réunir à 19h GMT (14h, heure de Montréal) pour décider des suites à donner à leur mobilisation.

La police et les huissiers étaient arrivés à Saint-Paul peu après minuit pour démonter ce campement installé le 15 octobre 2011 dans ce quartier des affaires de Londres, à la suite d'une décision de justice donnant le feu vert à cette éviction.

À leur arrivée, une cinquantaine de militants étaient présents. Quelques bousculades ont eu lieu, certains occupants ont érigé à la hâte des barricades à l'aide de palettes, mais cela n'a pas empêché les huissiers de procéder au démantèlement.

«Une petite minorité de protestataires a tenté de faire obstacle au travail des huissiers. La police a procédé à 20 arrestations», ont indiqué les forces de l'ordre, qui ont jugé que cette opération s'était déroulée «largement dans le calme».

Les militants ont également annoncé leur éviction d'un immeuble de la banque suisse UBS à Londres qu'ils occupaient depuis la mi-novembre et avaient rebaptisé «banque d'idées».

Le mouvement «Occupy London», qui a accueilli jusqu'à 200 tentes dans la foulée du mouvement «Occupy Wall Street» lancé aux États-Unis contre les dérives du système financier, faisait figure de bastion des indignés après le démantèlement du camp de New York en novembre.

Organisé en village alternatif, le camp était installé depuis le 15 octobre devant Saint-Paul, un des hauts lieux du tourisme dans la capitale britannique, en plein coeur de la City.

La cour d'appel d'Angleterre avait approuvé le 22 février l'éviction exigée par la municipalité de Londres au motif d'«obstruction illégale de la voie publique».

L'attitude à adopter à l'égard des contestataires avait profondément divisé les responsables religieux de Saint-Paul au point que plusieurs d'entre eux, dont le doyen, avaient remis leur démission.

Fin octobre, la cathédrale avait dû fermer ses portes aux visiteurs quelques jours, invoquant des raisons de sécurité et d'hygiène, une première depuis la Seconde Guerre mondiale.