Barack Obama compare désormais la marée noire du golfe du Mexique à un 11 Septembre écologique, alors qu'il entame lundi sa quatrième visite sur les côtes souillées par le brut et s'apprête à prononcer un discours solennel consacré à la catastrophe.

De même que les attentats de 2001 ont modifié la politique étrangère des Etats-Unis, la catastrophe écologique en cours «va nous pousser à repenser notre politique environnementale et énergétique», a estimé le président des États-Unis dans un entretien au quotidien Politico.

La tragédie qui se joue au large des côtes montre qu'il est temps «d'effectuer la transition» vers de nouvelles sources d'énergie, a ajouté M. Obama, dont l'administration tente de faire adopter au Congrès une loi de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Mais huit semaines après l'explosion meurtrière de la plateforme Deepwater Horizon exploitée par le groupe britannique BP au large des côtes de Louisiane, la priorité immédiate reste de colmater le puits duquel s'écoule du brut à plus de 1,5 km de profondeur, objectif qui devrait être atteint au mieux en août, lorsque des puits de dérivation en cours de forage seront terminés.

BP, qui parvient à capter 15 000 barils par jour grâce à un «entonnoir» à l'efficacité imparfaite, a annoncé lundi, en réponse à une demande de l'administration Obama, prévoir de porter ce chiffre à 50 000 barils par jour (8 millions de litres) d'ici fin juin.

Les autorités américaines sont toujours incapables d'évaluer précisément la quantité de pétrole qui s'écoule et évoquent des chiffres compris entre 20 000 et 40 000 barils par jour.

En attendant, M. Obama s'est rendu lundi au Mississippi et en Alabama, pour une tournée de deux jours qui va également le conduire en Floride, autant d'Etats menacés ou déjà touchés par le pire désastre écologique de l'histoire du pays. Il s'était déjà rendu à trois reprises en Louisiane depuis le 2 mai.

Malgré les images de côtes souillées qui tournent en boucle sur les télévisions, le président a souhaité que les Américains viennent faire du tourisme sur place, affirmant qu'«il y a beaucoup de plages qui n'ont pas été touchées et ne seront pas touchées».

Dégustant des fruits de mer en compagnie d'élus locaux, il a promis de protéger le mode de vie des habitants des régions sinistrées, en particulier le secteur de la pêche. Il s'est dit certain qu'à terme, «la côte du Golfe sera encore en meilleur état qu'auparavant».

Lundi soir et mardi, M. Obama sera à Pensacola, dans l'ouest de la Floride, zone touristique où des boulettes de goudron se sont échouées, avant de reprendre l'avion pour Washington, où il doit prononcer à 20h00 un discours solennel consacré à la marée noire.

Cette première depuis le début de son mandat début 2009 signale une volonté de la Maison Blanche de reprendre la main. M. Obama plantera aussi le décor de sa rencontre prévue le lendemain avec les président et directeur général de BP, Carl-Henric Svanberg et Tony Hayward.

Responsable des opérations de colmatage et de nettoyage, ainsi que des indemnisations des sinistrés, le groupe a estimé lundi que la marée noire lui avait déjà coûté 1,6 milliard de dollars.

La société subit des pressions de l'administration pour réduire ou suspendre le versement de son dividende. M. Obama a dit lundi espérer qu'un accord avec BP au sujet d'un fonds d'indemnisation sur un compte sous séquestre pour les victimes de la marée noire serait conclu d'ici à la rencontre de mercredi.