Un témoignage évoque à présent une fuite sur la plate-forme Deepwater Horizon quelques jours avant son explosion, tandis que BP essaie de soulever d'autres responsabilités possibles dans la marée noire qui lui a jusqu'à présent coûté 2 milliards de dollars.

Un employé de la plate-forme, dont l'explosion fin avril a causé la mort de 11 personnes et causé la marée noire, a affirmé à la BBC, dans l'émission Panorama diffusée lundi, avoir été témoin d'une fuite sur une importante pièce de sécurité, et assuré que celle-ci n'avait pas été réparée, les opérateurs préférant se reposer sur une pièce de secours.

«Nous avons vu une fuite sur le bloc d'obturation, nous en avons informé la compagnie, ils ont une salle de contrôle depuis laquelle ils peuvent fermer ce bloc et en activer un autre de telle sorte qu'ils n'ont pas besoin d'arrêter la production», a rapporté Tyrone Benton, qui a décidé selon la BBC de poursuivre à la fois BP et le propriétaire de la plate-forme Transocean, pour négligence dans cette affaire.

La BBC cite dans ce reportage un expert en pétrole, le professeur Tad Patzek, qui estime qu'une telle situation est «inacceptable». «Si vous avez la moindre preuve que ce bloc d'obturation ne fonctionne pas correctement, il faut le réparer par tous les moyens possibles», assure-t-il.

BP a répondu à la BBC que Transocean était responsable à la fois de la maintenance et du fonctionnement de cette pièce, mais n'était pas joignable lundi pour commenter cette affaire.

Le groupe, qui a prévu de monter sur trois ans et demi un fonds de 20 milliards de dollars pour payer les frais de la marée noire, a indiqué lundi dans un communiqué que celle-ci lui avait déjà coûté 2 milliards de dollars en frais techniques et dédommagements divers.

Le Financial Times a annoncé lundi que le directeur général du groupe Tony Hayward irait cette semaine rencontrer et rassurer le président russe Dmitri Medvedev, qui s'est publiquement inquiété de la santé financière de BP la semaine dernière.

La compagnie ne l'a pas confirmé, se faisant très discrète sur les déplacements de son patron depuis que celui-ci a fait scandale samedi en assistant à une régate de voiliers de luxe à l'île de Wight, au sud de l'Angleterre.

Tout en maintenant le profil bas du coupable décidé à payer ce qu'il doit, BP commence à désigner les autres sociétés potentiellement impliquées dans la catastrophe, comme pour Transocean et le bloc d'obturation, ou pour Halliburton et la cimentation de la plate-forme.

Une polémique l'oppose à présent à son associé à 25% dans Deepwater Horizon, l'américain Anadarko.

Le PDG de celui-ci Jim Hackett, a estimé vendredi que «la tragédie (...) est le résultat direct des décisions et des actions imprudentes de BP», qui devrait ainsi assurer les dédommagements.

BP s'est dit «en fort désaccord» avec Anadarko, arguant pour sa part d'un accord selon lequel «les parties prenantes partageraient les coûts des opérations, y compris les coûts du nettoyage de toute fuite» du puits.

«D'autres parties, autre que BP, pourraient être responsables pour les coûts, et nous nous attendons à ce qu'elles honorent leurs obligations» a menacé BP.

L'analyste Peter Hutton, de NCB, ne s'est pas étonné de la déclaration d'Anadarko : «avec 8 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2009, soit 3% de celui de BP, on pouvait s'attendre à ce qu'ils se défendent agressivement et leur communiqué est d'une sévérité typique» en la matière, a-t-il noté.