Après des semaines d'essais infructueux, BP croit être à quelques heures de contenir la fuite de pétrole au fond du golfe du Mexique.

Hier soir, un couvercle de 68 000kg était suspendu à quelques dizaines de mètres du puits. Des robots sous-marins devaient le fixer la nuit dernière ou ce matin.

Une fois le couvercle en place, les ingénieurs de BP devront évaluer son étanchéité, ce qui prendra deux jours. La firme verra si le couvercle peut stopper entièrement le flot ou s'il sera nécessaire de canaliser une partie du pétrole jusqu'à la surface, où il sera recueilli par des bateaux.

«Ce couvercle pourra bloquer le flot de pétrole, a expliqué hier l'amiral Thad Allen, responsable des opérations nommé par la Maison-Blanche. Nous devrons déterminer la pression qu'il peut exercer. Soit nous bloquons le puits, soit nous canalisons le pétrole à la surface. Quoi qu'il en soit, ce sont deux avenues encourageantes.»

Aux audiences de la commission indépendante mise sur pied pour établir la cause du désastre, à La Nouvelle-Orléans, la nouvelle a été accueillie avec sobriété.

«Même si BP bouche le puits demain, les dommages qu'elle a causés dans le golfe sont tellement importants que ce serait une mince consolation», a dit Darwin Graham, un sociologue qui s'intéresse aux répercussions de l'ouragan Katrina sur La Nouvelle-Orléans.

Historique de ratés

Le comportement de BP est scruté à la loupe depuis l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon, le 20 avril.

Hier, une équipe de journalistes d'enquête du New York Times a dévoilé un compte rendu accablant des manquements de BP au fil des années.

Il y est question de la plateforme Thunder Horse, qui a basculé dans le golfe du Mexique en juillet 2005. Le mastodonte de 1 milliard de dollars avait été construit à la hâte, et une tempête en avait révélé les failles.

«Cela aurait dû être un signal sur la propension de BP à faire les choses à peu près et à prendre trop de risques» écrit le quotidien, avant d'ajouter que l'entreprise «s'est régulièrement montrée incapable ou peu encline à apprendre de ses erreurs». La direction de BP n'a pas voulu réagir aux conclusions de l'enquête du Times.

Nouveau moratoire

Parallèlement, le secrétaire aux Affaires intérieures, Ken Salazar, a annoncé hier un nouveau moratoire sur le forage dans le golfe du Mexique.

«Je base ma décision sur la preuve que l'industrie est incapable de prévenir une catastrophe et d'empêcher un autre déversement», a dit M. Salazar. Un précédent moratoire annoncé par le gouvernement avait été invalidé par un juge, qui l'avait trouvé trop ambitieux pour être applicable.

Le nouveau moratoire sera en vigueur jusqu'au 30 novembre, ce qui donnera le temps à la commission à l'oeuvre à La Nouvelle-Orléans de rendre ses conclusions sur la cause de la tragédie.

Mais selon Mary Landrieu, sénatrice démocrate de la Louisiane, la décision de reporter le forage dans le Golfe va nuire à l'économie locale. «Qu'on appelle ça un moratoire, une suspension ou une pause, le résultat est le même: il y aura des pertes d'emplois substantielles. Même avec la nouvelle version du moratoire, des milliers de Louisianais et de citoyens des autres États du Golfe iront faire la file au bureau du chômage.»

Mme Landrieu estime que 120 000 personnes pourraient être touchées par cette décision.