Après 87 jours, BP a réussi à bloquer la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique. Les ingénieurs de la pétrolière surveilleront de près le déroulement de l'opération dans les prochains jours. Le président américain Barack Obama aussi aura les yeux braqués sur les résultats, qui pourraient mettre fin à l'épisode le plus sombre de son mandat.

Le pétrole a cessé de couler dans le golfe du Mexique, hier. BP est parvenue à bloquer la fuite pour la première fois depuis 87 jours.

Un compte à rebours de 48 heures est commencé: les ingénieurs de BP estiment que de nouvelles fuites pourraient apparaître dans le puits d'ici deux jours. Ils sont prêts à tout moment à relâcher la pression et à laisser de nouveau couler le pétrole.

«C'est encourageant de voir que le pétrole ne s'échappe plus dans le Golfe», a déclaré hier après midi le vice-président de BP, Kent Wells.

«Nous commençons tout juste le test», a-t-il signalé, ajoutant qu'il était trop tôt pour dire si le puits avait été bouché pour de bon.

Le gouvernement fédéral s'est lui aussi montré prudent. En soirée, le président Obama a qualifié la nouvelle de «signe positif». Il compte s'exprimer plus longuement à ce sujet aujourd'hui dans une allocution.

Soulagement

L'avancée est survenue hier après-midi, lorsque des robots actionnés par des ingénieurs de BP ont fermé la dernière des trois valves de l'entonnoir déposé sur la fuite.

Les caméras braquées en permanence sur l'opération ont diffusé des images jusqu'ici inédites: le pétrole ne coulait plus.

M. Wells s'est dit «soulagé» de voir la fuite arrêtée. «J'espère que les gens de la région du Golfe sont heureux de cette avancée. Mais nous devons être prudents. Nous pourrions devoir rouvrir les valves.»

Mardi, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a estimé que le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon avait provoqué le déversement de 2,3 à 4,5 millions de barils de pétrole dans le golfe du Mexique, ce qui en fait le pire déversement pétrolier de l'histoire des États-Unis. C'est entre 58 et 112 fois plus que lors du naufrage de l'Exxon Valdez en Alaska, en 1989.

Les experts croient que ces millions de litres de pétrole continueront de souiller les plages de la région pendant plusieurs mois encore.

L'action de BP a bondi hier à la Bourse de New York. Le titre a fini la séance en hausse de 7,57%, à 38,92$US.

Lockerbie revient hanter BP

Parallèlement, BP a admis hier avoir fait pression sur le Royaume-Uni afin qu'Abdelbaset Megrahi, le terroriste libyen condamné pour l'attentat de Lockerbie, en 1988, soit transféré en Libye. À l'époque, ses médecins lui donnaient moins d'un an à vivre, mais il semble aujourd'hui que Megrahi soit en bonne santé.

BP a reconnu avoir fait campagne en faveur du rapatriement du prisonnier afin de sauvegarder un contrat d'exploration de pétrole au large de la Libye. Le Royaume-Uni l'a libéré en 2009. Hier, l'ambassadeur de Grande-Bretagne aux États-Unis, Nigel Sheinwald, a admis que c'était déplorable. «Il est clair pour le nouveau gouvernement britannique que la libération de Megrahi était une erreur», a affirmé le diplomate dans un communiqué.

L'explosion du vol Pan Am 103 au-dessus de Lockerbie a fait 270 victimes, dont 190 ressortissants américains. Les familles des victimes ont dénoncé la libération de Megrahi, qui n'a purgé que huit ans et demi de sa peine à perpétuité.

- Avec l'Agence France-Presse